Une journaliste reproche à Eric Zemmour de l’avoir embrassée de force lors d’une université d’été du Parti socialiste à La Rochelle il y a quinze ans.
« Chimène qui l’eût dit ? Rodrigue, qui l’eût cru ? Que notre heure fût si proche et bientôt se perdît ? Et que si près du port, contre tout apparence, un orage si prompt brisât notre espérance ? » Ainsi dit la France à son champion qui cartonne dans les tournois et se trouve dans une sale affaire. Lisez plutôt. Une jeune femme, présumée fichée PS, se plaint que le champion l’aurait embrassée, par surprise, lors d’une Université d’été du PS, dans les années 2000, à la Rochelle, en lui disant à peu près : « T’as une belle robe, tu sais ! » C’était dans des temps très anciens mais la jeune femme, alors trentenaire, a gardé cette blessure au fond d’elle-même pendant des années. Or, un matin, quel choc quand l’élue d’opposition du parti Gauche, découvre, dans cette bonne ville du Roy René, le visage de son présumé agresseur, potentiel candidat présidentiel, accroché sur un échafaudage du café célèbre du cours Mirabeau, les Deux Garçons ! Son sang ne fait qu’un tour. Pas ça, pas lui ! Tout un passé douloureux, enfoui, remonte à la mémoire de Gaëlle L. qui décide, courageusement, de libérer sa parole, sur le hashtag #Metoo, relayé par le journal Libé. Les faits remontent à loin, ma mémoire flanche, dit l’élue de gauche à propos des dates (2004 ?, 2006 ?) mais le mal fait est toujours là. Pas de répit pour les don Juan. Cette affaire, qui fait le tour de l’hexagone médiatique, suffira-t-elle à mettre hors lice un champion amoureux de la France ? Adieu la manche, et la belle ? Adieu tes yeux ô Chimène !
On ne badine pas avec la Woke. On se souvient du tollé indigné quand Madame Dufflot, soumise à l’injonction présidentielle de « penser printemps », avait troqué son jean pour une jupe fleurie et qu’un sifflement avait parcouru les bancs masculins de l’Assemblée. À présent, si vous êtes sifflée dans la rue, vous vous précipitez, évidemment, au poste de police. Car il n’y a pas que le virus qu’il faut tracter et envoyer aux autorités de surveillance, mais les baisers volés, les gestes douteux, les regards de tout genre aux mille et une nuances.
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Les jupes fleuries ne sont pas, non plus, les seules pièces litigieuses. Avec les futurs droits des animaux, le jour n’est pas loin où une vache, à la robe tachetée, se plaindra, via des avocats ad hoc, d’avoir été caressée entre les deux oreilles, au Salon de l’agriculture, par une main présidentielle, ou qu’un chevreau accusera de viol celui qui l’a pris dans ses bras. Et que fera-t-on quand La Noiraude refusera d’être exhibée par son propriétaire White ? Cette histoire de tribunal pour animaux n’est pas pur délire. Au Moyen-Âge, on faisait des procès, en bonne et due forme, aux animaux.
Le baiser, supposé coupable, de Gaëlle L., « très sérieuse et posée » selon Jean-Luc Mélenchon, interrogé, correspond à la définition légale de « l’agression sexuelle ». Écœurant, ce combat politique, déjà lancé, quand la France, affaiblie, doit se redresser et non s’enliser ? En l’occurrence, quelle pub faite à un potentiel champion de la France ! Et si le Woke et la judiciarisation de tout, en politique, c’était fini ? Et que l’on veuille, à présent, non des coups bas mais des combats à la loyale ? De vrais affrontements sur de vrais sujets ? De vrais tournois aux couleurs de la France, avec des champions à ses couleurs ? « T’as de beaux yeux, tu sais ! »
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