Le maire socialiste de Marseille Benoît Payan a décidé de retirer le patronyme du conquérant de l’Algérie d’une école.
Bugeaud salaud. Oui, certes. Puisqu’il fut le colonisateur de l’Algérie, brûlant villages et enfumant femmes et enfants réfugiés dans des grottes.
Alors zigouillons le nom de Bugeaud de l’école de Marseille ou de son avenue à Paris.
Et place aux noms des héroïques soldats coloniaux, puisqu’à l’heure de la cancel culture et de la déconstruction de l’histoire, la bien pensance en est à faire d’eux des héros ayant libéré la “France Blanche” qui les a honteusement occultés et que la liste du comité Blanchard et les gesticulations indigénistes le réclament à grands cris. Enfin, avant de tomber trop vite dans le panneau, regardons-y de plus près quand même. Retour sur une histoire qui déplaira aux décoloniaux.
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Si le courage au combat des soldats coloniaux n’est pas mis en doute et mérite indéniablement un réel hommage, il y a quand même une face cachée : les milliers d’assassinats, d’exécutions et de viols à foison de jeunes filles, femmes, d’adolescents, hommes et même de… curés perpétrés par les unités principalement marocaines lors de la campagne d’Italie entre 1943 et 1944.
Un ouvrage d’Emiliano Ciotti publié en 2018, Le Marocchinate, chronique d’un viol collectif, et un long article publié dans la Stampa en 2017, La vérité cachée des Marocains, pillage et viol des troupes françaises dans la moitié de l’Italie, en donnent le détail. Et ça fait froid dans le dos.
Ils violent hommes, femmes, enfants et sodomisent le curé
Plus de 7 000 Italiens et Italiennes ont été violés par les goumiers marocains: « Ces viols, plus tard connus en Italie sous le nom de Marocchinate, étaient contre les femmes, les enfants et les hommes, y compris certains prêtres ! », raconte le maire d’Esperia au Sud de Rome. Dans sa ville, 700 femmes sur 2 500 habitants ont été violées et certaines en sont mortes. Les premiers kidnappings de jeunes femmes italiennes par des Marocains commencent en Sicile. Ils « les considéraient comme leur butin de guerre et les emmenaient en ricanant et en les traitant de tous les noms, comme des prostituées’’. (Article: «Marocchinate : Les goumiers violeurs en Italie» sur le blog Piedsnoirs aujourd’hui). Selon un témoignage recueilli par le professeur Bruno D’Epiro (Source : « Le marocchinate – « Stuprate le Italiane » ), le curé d’Esperia chercha en vain à sauver trois femmes des violences des Marocains “il fut attaché, sodomisé toute la nuit et mourut des suites de ces violences”.
Des milliers de femmes tombent enceintes : le seul orphelinat de Veroli dans le Latium a accueilli après la guerre environ 400 enfants nés de ces unions forcées. Beaucoup de femmes ont été expulsées de leurs communautés à cause des préjugés de l’époque, répudiées. Certaines ont fini par se suicider ou par émigrer vers d’autres régions.
Autre témoignage glaçant du livre de Ciotti: « la fille de Valentina, ils l’ont tuée. Elle avait 17 ans, elle était très belle et elle a été violée par 40 soldats. Quand sa mère s’est interposée, ils lui ont coupé la langue et l’ont obligée à regarder…”. Alors des héros, ça ?
Le Pape Pie XII en appelle au général De Gaulle
L’écrivain Norman Lewis, officier britannique, a raconté les événements dans un livre (Naples 44, Paris, Phébus, coll.. « Libretto », 1996) : « 28 mai, les troupes coloniales françaises se déchaînent de nouveau… toutes les femmes de Patricia, Pofi, Isoletta, Supino ou Morolo ont été violées. À Lenola, c’est cinquante femmes qui ont été violées ; comme elles n’étaient pas assez nombreuses, des enfants et même des vieillards y sont passés… les Marocains ont l’habitude de s’attaquer à deux à la même femme, l’un la pénétrant normalement, l’autre la sodomisant… À Castro dei Volsci, les médecins ont dû soigner trois cents personnes, toutes violées, et à Ceccano les Britanniques ont été contraints d’ériger un camp de fortune pour protéger les Italiennes… »
Alerté de toutes parts par différentes unités alliées qui révèlent que des femmes et des jeunes filles, des adolescents et des enfants sont violés dans la rue, des prisonniers sodomisés et des notables castrés, il fallut que le haut commandement anglo-américain intervienne auprès du général Juin, commandant du corps expéditionnaire français pour que cessent ces exactions.
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Même le Pape Pie XII alerté s’en plaignit auprès du Général de Gaulle. Ceci entraina de nombreuses exécutions de goumiers marocains par l’armée française. Les mêmes sauvageries se répèteront lors de la prise de Freudenstadt, en Allemagne, en avril 1945, quand au moins six cents femmes furent violées dont une partie par des goumiers.
L’Italie ne pardonne pas. La France ne s’excuse pas
En 1947 la France a indemnisé l’Italie pour plus de 1500 de ces exactions ce qui était loin du compte (Estimées à 12 000 en 1950 par l’Unione Donne Italiane (Union des femmes italiennes ) mais constituait déjà une reconnaissance officielle. En 2004, le président de la République italienne a déclaré à cet égard à Cassino: « Personne ne pourra jamais pardonner la violence infligée aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées dans Esperia et dans de nombreux autres villages ». Une stèle de bronze rappelant le souvenir du viol des femmes des communes de Monti Aurunci, Ausoni et Lepini a été inaugurée en 2006 à Campodimele par la vice-présidente de la Chambre des députés d’Italie. Ces abominations qui ont laissé une cicatrice profonde dans la mémoire collective des Italiens peuvent expliquer le fait que par la suite l’on n’ait pas forcément eu envie de glorifier certains de ces sauvages. Des libérateurs chez nous. Des violeurs et des assassins chez nos cousins italiens.
On comprend que « Indigènes », le film culte des décoloniaux, qui avait tant ému le président Chirac en 2006 et fut largement soutenu par le Maroc, ait passé sous silence « les exploits » de ces troupes bestiales, préférant s’attarder sur les discriminations exercées à leur endroit par l’État-Major français. Alors si l’on débaptise les Bugeaud et autres coupables d’exactions lors des guerres coloniales, l’on veillera aussi à rayer du paysage les unités coloniales dont la sauvagerie exercée sur de pauvres civils a aussi entaché le drapeau français à tout jamais.
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