Les résolutions du début d’année, dispensées par Blaise Cendrars. Prenons note de la nécessité de vivre heureux, malgré les épreuves.
D’outre-tombe, Blaise Cendrars nous fait part de ses résolutions. Notre bourlingueur manchot préféré, voyageur parfois imaginaire, a traversé un siècle compliqué et a connu la Grande Guerre où il a laissé son bras droit. Rien, comme Apollinaire, ne l’obligeait pourtant au carnage.
Ce Suisse né à la Chaux-de-Fond en 1887 n’avait plus vraiment l’âge des tranchées mais cela ne l’a pas empêché de s’engager avant d’être réformé en 1915. Une naturalisation l’a récompensé en 1916. Pour la seconde mi-temps de la guerre civile européenne, en 1939, il revient sur le front comme correspondant de guerre dans l’armée britannique. Ensuite, il y aura des voyages, des romans, des poèmes, des souvenirs écrits de la main gauche, de la vache enragée, le goût du Brésil et des soupentes parisiennes.
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Tout ça aurait pu le rendre sombre, il se révèle plutôt un émerveillé inquiet devant le métier de vivre.
Sans doute parce que le refus de la mélancolie, comme le montre le poème que nous vous proposons aujourd’hui, est une affaire de volonté. On n’a aucune raison, par les temps moroses et parfois épouvantables qui sont les nôtres, en ces années vingt d’effondrement au ralenti, de se laisser faire. Il convient au contraire de garder dans l’épouvante, le sourire aux lèvres, comme le faisait Blaise Cendrars, il y a presque cent ans.
Feuille de route
Nous ne voulons pas être tristes
C’est trop facile
C’est trop bête
C’est trop commode
On en a trop souvent l’occasion
C’est pas malin
Tout le monde est triste
Nous ne voulons plus être tristes.
Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924
Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine
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