Inspiré par Hugo et Kassovitz, le réalisateur des Misérables gratifiait de mots fleuris Eric Zemmour et Zineb El Rhazoui, il y a quelques jours.
Ladj Ly se réclame de Victor Hugo. Les misérables du xxie siècle ne vivent plus à Paris, ils peuplent désormais les « quartiers » et, à en croire le film, ils sont majoritairement noirs.
Pas de Fantine à l’horizon
Néanmoins, comme autrefois, ils restent pauvres et n’aiment pas la police. Quand on voit Christophe, le chef de la BAC violent et corrompu qui fait sa loi dans le quartier avec les caïds locaux, on comprend pourquoi. Les misérables d’aujourd’hui ont des enfants. Beaucoup d’enfants qui sont, c’est étrange, surtout des garçons. Toujours en groupe, parfois en meute, ils vivent dehors. Quant aux filles, elles ne font que de furtives apparitions. On peut d’ailleurs légitimement s’interroger, au vu de la référence au livre de Hugo : mais où est donc passée Cosette ? Et où sont les femmes ? Les seules que l’on voit, aussi furtives que leurs filles, sont des mères en train de cuisiner. Pas de Fantine à l’horizon, mais des Gitans.
Jean Valjean moderne
Victor Hugo n’est donc pas la seule référence de Ladj Ly : outre la Haine de Kassowitz, Snatch, film de Guy Ritchie, l’a aussi inspiré. Passons sur la dimension très peu plausible des leviers narratifs utilisés, de l’installation d’un cirque gitan dans la cité au vol d’un lionceau par Issa, qui bizarrement porte le prénom coranique de Jésus. Ce vol amorce l’engrenage dramatique de la bavure. Une seule lueur d’humanité dans la cité, Salah, avatar modernisé de Jean Valjean. Délinquant repenti, il incarne la justice, la paix et la bonté. Car Salah a emprunté la voie du salafisme. Ladj Ly est cohérent : dans une interview publiée sur Leblogducinema.com, il salue la présence des « religieux » dans les banlieues. Il invite aussi Zineb El Rhazoui à « aller se faire enculer » et traite Zemmour de « fils de pute » (page depuis mystérieusement disparue).
Ode à l’obscurantisme musulman, insultes aux patriotes : Victor Hugo aurait certainement apprécié.