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Les prédateurs dans ma mémoire

Dans le sud-ouest, les petits commerçants sont la proie facile des larcins


Les prédateurs dans ma mémoire
Devanture de la quincaillerie Bariat Jean Daniel Sudres / Aurimages / AFP

Un très curieux visiteur dans un petit magasin d’informatique près de Périgueux.


Matin du 5 novembre 2019. La petite ville du Sud-Ouest où la famille de ma mère vit depuis des générations. Je me trouve avec un autre client dans un magasin d’informatique, la providence pour les vieux maladroits qui tâtonnent dans le nouveau siècle comme dans du brouillard.

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Entre un jeune homme de vingt-cinq ans, l’air d’avoir migré depuis la Syrie ou l’Ethiopie. Il ne dit pas un mot, je m’imagine que c’est un copain du patron qui est déjà venu ce matin ou qui le connaît trop pour se donner la peine de dire bonjour. Il effectue lentement un tour du magasin en regardant le matériel dernier cri en vente, il passe devant moi et j’ouvre la bouche pour lui signifier que c’est mon tour, mais il poursuit sa boucle et la termine à la porte toujours aussi calme, toujours aussi silencieux, toujours aussi observateur. Il sort.

La boulangère me met KO

Le patron, un colosse brun de trente ans, garde tout son flegme pour nous dire : “Oui, il y a une bande de types comme lui qui visitent tous les magasins de la ville pour repérer ce qu’ils peuvent voler. Moi je les suis et, s’ils restent à ma porte, je leur dis que j’ai un fusil tel et tel dans l’arrière-boutique”. Il donne le calibre et la marque, aussi impressionnants que sa stature. “D’autres se laissent avoir et hier dans la boutique de jouets près de l’église, deux d’entre eux sont partis avec la caisse”. Je n’en reviens pas. Une petite ville d’un peu moins de trois mille habitants. La dernière invasion avant les migrants actuels remonte aux Normands, au sept et huitième siècles. Le calme incroyable de cet homme! Un tranquille inspecteur des vols à commettre…

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J’entre tourneboulé chez la boulangère, elle est seule, je lui raconte ce que je viens de voir et d’entendre. Elle hésite un peu, rougit comme si elle allait dire une énormité et me raconte que leur ancien commis, un brave garçon travailleur, vit dans un foyer pour jeunes installé en centre-ville, tout près d’ici. Huit chambres pour de jeunes Africains, bien vêtus, bien chaussés de Nike et pourvus de portables qu’il ne peut pas se payer. Au petit matin, quand il part au boulot ils font la fête et quand il revient en début d’après-midi, ils dorment. Le dimanche, on les emmène à Périgueux où on leur paye le cinéma. Genre de sortie que le mitron ne peut pas s’offrir. L’informaticien m’avait mis groggy, la boulangère m’achève par un KO.

Petits commerçants de province

La famille de ma mère était dans la ferblanterie-quincaillerie depuis des lustres, j’ai entendu parler des commerçants de la ville depuis ma plus petite enfance. Je connaissais leur rites, leur humour, leur mentalité, leurs alliances de famille, leur mépris teinté de jovialité envers les paysans qui formaient leur clientèle. C’est le premier milieu social à travers lequel j’ai vu le monde. Chaminadour de Marcel Jouhandeau me touche beaucoup, de même que les romans de Giono comme Le moulin de Pologne car ils parlent de ces commerçants de province, de leurs grandeurs et de leurs petitesses que j’ai connues depuis toujours. Une des strates sociales qui ont formé le terreau français. Et voilà que l’Etat, en ouvrant les frontières à tout venant, en garantissant aux chenapans de toute sorte une souriante impunité, les livre à des pillages qu’ils n’avaient pas vus depuis les Grandes Invasions, ou peut-être depuis les guerres de Religion, qui furent féroces par chez nous.

Macron-Philippe : un couple infernal qui laisse faire le saccage?

L’Etat a soi-disant fait la France (je ne suis pas d’accord avec ce cliché, les descendants des Gallo-Romains auraient tôt ou tard créé une entité politique), voilà que l’Etat la défait méthodiquement avec un sang-froid qui sidère. L’effet est d’autant plus saisissant que ma triste matinée d’emplettes en ville venait après un long week-end de Toussaint où les catastrophes se sont accumulées les unes aux autres: Béziers, Chanteloup-les-Vignes, Oloron-Sainte-Marie, tout cela avec en fond sonore la tempête Amélie, qui mettait la même ardeur à saccager la France que les émeutiers de banlieue et le couple infernal Macron-Philippe.

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J’ai longtemps cru que tous les migrants, qu’ils soient légaux ou illégaux, avaient forcément de la gratitude pour le pays d’accueil et se gardaient bien d’actes répréhensibles qui risquaient de remettre en cause leur asile. Je pensais que les problèmes survenaient plus tard, que les deuxième et troisième générations de leurs descendants se révoltaient pas sentiment d’être oubliés, discriminés. J’ai eu la preuve du contraire ce matin-là avec ce fulgurant raccourci entre migration et délinquance. L’administration française est si généreuse et compatissante que l’on peut peut-être indiquer dans les formulaires de demande d’asile si l’on vient pour piller les églises du Béarn, dévaliser les commerçants de la Dordogne ou les résidences secondaires des alentours de Rambouillet ?

L’anniversaire de la chute du mur de Berlin et de la dislocation de l’URSS qui l’a suivie sont là pour nous rappeler que l’Histoire n’est pas un long fleuve tranquille, qu’elle a parfois ses rapides et même ses cascades où s’engloutissent des Etats qui se croyaient des nerfs solides et qui n’étaient que des coquilles de noix.

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