La saison 3 de la série star de France 2 inspirée d’Agatha Christie démarre ce soir à 21h05 dans une ambiance disco-MLF
Il y a des franchises télé que l’on a plaisir à voir. Des rendez-vous qui soudent les générations et colorent les tristes vendredis soir de couvre-feu. Ce soir, à 21 h 05, pour la seule et unique fois de la semaine, vous ne verrez ni Castex, ni Véran dans le petit écran. Oubliez les recommandations du conseil scientifique et les débats sur la chloroquine, le temps d’un téléfilm familial.
L’adieu aux sixties…
On s’était habitué depuis 27 épisodes à l’élégance sixties du commissaire Laurence (Samuel Labarthe) et de son beau cabriolet Facelia sur les routes du Nord de la France. Sa suffisance narquoise s’accordait si bien à l’impétuosité touchante de la journaliste Alice Avril (Blandine Bellavoir) et au tendre romantisme de sa fidèle secrétaire, la fausse ingénue Marlène (Elodie Frenck). Ces trois-là maîtrisaient l’art du contre-pied et de la comédie policière légère comme un Walther-PPK. Ils avaient succédé à un autre duo composé du commissaire Larosière (Antoine Duléry) et de l’inspecteur Lampion (Marius Colucci), en service régulier sur la chaîne publique, entre 2009 et 2012. Après les années 30 et les années 60, « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie » débarquent dans les 70’s sous la plume de Flore Kosinetz et de Hélène Lombard. Attention aux yeux, comme dirait Marielle, ça mitraille sec!
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Le code couleur a changé! Les lugubres demeures de la saison 1 ou les tenues apprêtées de Miss Marlène en saison 2, c’est du passé. Fini aussi les robes vichy et les coiffures choucroutées, les Lambretta et les yéyés, place aux mini-jupes et aux looks psychédéliques. Un vent de « Peace and Love » va souffler dans les rues de Lille, Tourcoing, Douai et Lens, lieux des tournages. Nous sommes toujours en terre ch’ti mais en 1972.
… et l’arrivée dans les seventies
La recette est toujours la même: le décalage et l’étude des caractères sur fond d’émancipation féminine, avec toujours un soin particulier accordé au décor. Pour que la téléportation fonctionne, chaque détail vestimentaire compte, chaque objet ne doit pas faire toc. Les amateurs de fringues Vintage seront aux anges. Il y a du losange, des chemisiers à imprimé Vasarely, du similicuir, du sabot, de la cuissarde et de la pelle à tarte. Que les accros des bagnoles non-électriques se rassurent, les créateurs de cette troisième saison ont peaufiné leur paysage automobile. De la SM, de la Simca 1000, de la 911 vert pomme et du taxi Pigeot 504 nous ramènent aux Trente Glorieuses sans culpabilité. La fumette et l’autoradio à bloc traduisent l’atmosphère libérée de l’époque.
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« La nuit qui ne finit pas » premier épisode diffusé ce soir et réalisé par Nicolas Picard-Dreyfuss voit l’arrivée de la commissaire Annie Gréco (Émilie Gavois-Kahn), une expérience « sociétale » initiée par le Ministère de l’Intérieur pour favoriser l’égalité homme-femme. Cette intrusion dans un univers 100% masculin est bien évidemment prétexte à la raillerie et aux scènes grotesques. Cette nouvelle saison a vocation à nous amuser des clichés. Elle y réussit parfaitement grâce à un casting sur-mesure qui s’est moulé dans les années 70. Émilie Gavois-Kahn a pris du galon, elle est seulement major dans « Cassandre », une autre série policière qui passe sur France 3. Cette grande professionnelle, à la justesse impeccable, est à l’aise dans tous les registres, elle excelle aussi bien dans l’émotion que dans la farce. Avec son imper croisé et ses bas « nylon », elle est aimable comme une porte de prison. Les cinéphiles apprécieront l’hommage subtil rendu à Annie Girardot, la commissaire Lise Tanquerelle de « Tendre Poulet ».
Une mention spéciale
Outre une bande de flics, phallocrates hilarants, Annie Gréco fait équipe avec le lieutenant placardisé Max Beretta (Arthur Dupont), Starsky du 59 conduisant une Renault 15 jaune aussi mémorable que la Ford Gran Torino de ses collègues américains.
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Pour compléter cette triplette vraiment très réussie, Rose Bellecour (Chloé Chaudoye), psy à papa, Tara King des maîtres de forges, promène son expertise et ses doutes existentiels avec une force comique qui augure d’une longue carrière. Mention spéciale au commissaire divisionnaire Servan Legoff interprété par Quentin Baillot, il y a du Noël Rocquevert en lui.
Cette semaine, la fièvre du samedi soir a un jour d’avance.
Saison 3 – « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie » – France 2 – Vendredi 29 janvier – 21 h 05.
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