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Les ONG humanitaires ne sont pas toutes gentilles


Les ONG humanitaires ne sont pas toutes gentilles
Emmanuel Macron s'adressant à l'assemblée des Nations Unies, 22 décembre 2020 © CHINE NOUVELLE/SIPA Numéro de reportage : 00982519_000017

Les « méchantes » ONG existent aussi, rappelle Yves Mamou exemples à l’appui, et c’est pourquoi la proposition de loi pour la préservation de l’espace humanitaire pose tant problème aux députés.


Une étrange proposition de loi est sur le bureau de l’Assemblée nationale. Elle porte sur « la préservation de l’espace humanitaire ». Cet « espace de l’humain » qu’il s’agit de préserver n’est pas celui de la nature, des oiseaux ou des océans. Il est celui des grandes ONG humanitaires, les Human Rights Watch, Amnesty, World Vision, Habitat for Humanity, Oxfam, la Ligue des droits de l’homme et bien d’autres encore. Et de quoi les ONG humanitaires ont-elles besoin d’être préservées ? De la lutte anti-terroriste. 

Le 22 septembre 2020, le président de la République française, Emmanuel Macron, a lui-même rappelé aux Nations Unies avec force la nécessité de protéger « la neutralité de l’action humanitaire » tout en « endiguant sa criminalisation ». En d’autres termes, les ONG qui opèrent en zone de guerre ne doivent pas être paralysées, ni handicapées par la lutte contre le financement du terrorisme. Financer des actions humanitaires en zone de guerre n’a rien d’une sinécure, les ONG sont souvent obligées de multiplier les intermédiaires et les taux de change pour acheminer de l’argent, ce qui allume tous les signaux dans les banques. 

L’autre alternative est de faire voyager du cash, ce qui n’est évidemment pas sans risque non plus. 

Une demande légitime, mais un vrai casse-tête

Il est donc légitime que les ONG humanitaires réclament la bienveillance des États et des institutions financières. Sauf que le monde ne se divise pas parfaitement entre gentilles ONG et méchants terroristes. Les « méchantes » ONG existent aussi. 

Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté et Clément Beaune, ministre des Affaires européennes ont ainsi interpelé à la fin du mois de novembre, Helena Dalli, commissaire européen à l’Égalité, qui avait accordé de son temps – et de notre argent – à la Femyso, connue pour ses liens avec les Frères Musulmans. Les deux ministres français ont indiqué à la commissaire européenne qu’ils peinaient « à comprendre les raisons qui conduisent la Commission à accorder un soutien financier à cette organisation depuis 2014 ». Le magazine Franc-Tireur révélait récemment que des associations proches des Frères Musulmans ont bénéficié de plus de 22 millions d’euros de subventions de la part de l’Union européenne pour combattre soi-disant l’« islamophobie », mais qu’en réalité elles assurent surtout la promotion du hijab et attaquent la France. 

Les étranges réactions du tissu humanitaire français à une récente décision du gouvernement israélien ajoutent à l’ambiguïté de la situation. En effet, le 22 octobre 2021, le Ministère israélien de la Défense a annoncé que six ONG palestiniennes [1] seraient classées sur la liste des organisations terroristes en raison de leurs liens avec le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), une organisation terroriste désignée comme telle par l’Union européenne, les États-Unis et Israël.

En bonne logique, les ONG humanitaires, les vraies, celles qui ont pignon sur médias, auraient dû féliciter le gouvernement israélien de lutter contre ces ONG pirates qui collectent « frauduleusement » des fonds pour financer des activités douteuses. Mais, il n’en a rien été. Sitôt l’interdiction prononcée par le gouvernement israélien, 26 ONG françaises et internationales [2]  se sont immédiatement déclarées solidaires des six ONG palestiniennes désormais classées « terroristes » en Israël. 

A lire aussi, du même auteur: Guerre d’Algérie: après le rapport Stora, à quelle «initiative mémorielle» doit-on s’attendre?

Une récente étude de NGO-Monitor, une association israélienne qui mène une veille sur le comportement politique des ONG, démontrait qu’au cours des dix dernières années, « au moins 200 millions d’euros de fonds publics européens et internationaux ont financé des projets impliquant des ONG en lien avec le FPLP » [3], dont celles qui ont donc été désignées comme des organisations terroristes en octobre. 

Pour ne citer qu’un exemple : de 2019 à 2021, un projet agricole monté par l’ l’Union des Comités du travail agricole (UAWC, ONG parmi celles inscrites le 22/10/21 sur la liste des organisations terroristes par le gouvernement israélien) aurait bénéficié d’une aide de 650 000 euros dont les quatre cinquièmes proviennent d’institutions françaises (232 000 euros pour l’Agence française du développement,  203 440 euros pour l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, 100 000 euros pour la Région Sud).  Sur cette période couverte par le projet, les directeurs financiers et administratifs de l’UAWC, Samer Arbeed et Abdul Razeq Farraj ont été arrêtés et mis en examen en Israël comme membres du FPLP impliqués dans un attentat à la bombe ayant coûté la vie à une jeune israélienne de 17 ans, Rina Shnerb, en août 2019. 

Relations douteuses et relativement inextricables

L’étude de NGO Monitor fourmille d’autres exemples, qui montrent que les relations de travail et les échanges financiers entre ONG occidentales et ONG proches d’organisations douteuses sont denses et relativement inextricables. 

Aussi, les remarques qu’il est possible de formuler à ce stade sont les suivantes : 

– Voter un projet de loi qui exonère les ONG occidentales de tout contrôle n’a pas de sens, compte tenu des liens multiples et des sympathies politiques (d’extrême gauche) que ces mêmes ONG entretiennent parfois avec des mouvements islamistes, notamment palestiniens ;

– Resserrer le filet financier sur les organisations terroristes elles-mêmes mais exonérer de tout contrôle leurs faux-nez humanitaires n’a guère de sens non plus ;

L’heure est également aux questions essentielles :

– Des ministres français comme Marlène Schiappa et Clément Beaune sont en droit de s’étonner des connexions douteuses de certains commissaires européens avec les Frères Musulmans. Mais, est-il normal que le gouvernement français, à travers l’AFD (Agence Française de Développement), finance des ONG opaques et pour certaines proches d’organisations terroristes ?

– Ne serait-il pas temps qu’un coup de projecteur officiel soit donné à ces politiques de financements, qui font circuler sans aucune transparence des dizaines de millions d’euros d’argent du contribuable ?

Et si des lobbys politiques se sont constitués au sein de l’appareil d’État et que ces lobbys mènent des politiques occultes auxquelles les élus eux-mêmes ne participent pas, alors il serait temps aussi qu’un inventaire soit effectué et qu’un coup de plumeau soit donné ! Le contribuable – et la morale – ont tout à y gagner.

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[1] Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al–Haq Law in the Service of Man (Al–Haq), Bisan Center for Research and Development, Defense for Children International–Palestine (DCI–P), Union of Agricultural Work Committees (UAWC) et Union of Palestinian Women’s Committees (UPWC).

[2] https://www.ldh-france.org/26-organisations-francaises-et-internationales-solidaires-de-six-ong-palestiniennes-classees-terroristes-par-le-gouvernement-israelien/

[3] https://fr.ngo-monitor.org/reports/financements-francais-a-des-ong-palestiniennes-nouvellement-designees-comme-terroristes




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