Vous venez de mourir à cause du virus H1N1. Je sais, c’est désagréable. D’autant plus que vous n’avez pas de chance. Comme nous l’indique l’Institut de Veille Sanitaire, vous étiez 111 au 4 décembre. Statistiquement, c’est rageant. Consolez-vous néanmoins, votre décès sera médiatisé et vous aurez ce fameux quart d’heure de célébrité cher à Andy Warhol puisque toutes les télés, toutes les radios et tous les journaux parleront de votre sort funeste. Ce ne sera pas le cas, en revanche, pour les victimes de cancers d’origine professionnelle. Le même INVS situe leur nombre dans une fourchette annuelle allant de 6 000 à 12 500 décès. L’équivalent d’une petite guerre tout de même. La plupart des média, sur cette question, observent pourtant un grand silence pudique. Quant aux accidents du travail, il ne faut pas rêver. La seule chance d’existence médiatique pour un ouvrier du bâtiment qui se fracasse en tombant d’un échafaudage serait que sa chute soit consécutive à un éternuement dû à la grippe A. Sinon, vous pouvez circuler, y a rien à voir.
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