Cousin du prince Reza Pahlavi, il a connu les grandes heures de la monarchie. Le prince Davoud Pahlavi livre ses analyses sur la situation actuelle au Moyen et Proche-Orient.

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Causeur. Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une violente attaque contre Israël, laissant derrière lui des milliers de corps sans vie, des centaines de personnes retenues en otage. Quel est votre sentiment face à ce qui est qualifié d’acte terroriste et de guerre ?

Prince David Pahlavi. Ce qui s’est passé ce jour-là est aussi grave que les événements du 11 septembre (2001-ndlr). Je crois qu’il n’y a qu’un mot pour dessiner ce que j’ai ressenti face à cette tragédie : un choc. Comment ne pas être saisi par l’émotion face à tous ces gens innocents, froidement assassinés, enlevés et pris en otage. Cette tragédie est un véritable séisme humain qui m’a profondément marqué.

Certains médias affirment que l’organisation Hamas est financée et pilotée par le régime iranien des Ayatollahs. Que pensez-vous de ces allégations ?

Elles sont naturellement vraies, mais pas que pour le Hamas d’ailleurs. Vous avez aussi le Hezbollah au Liban. Ces deux organisations sont le bras armé du régime islamique depuis sa fondation. Ils sont entraînés et financés par le régime islamique de Téhéran. Les mollahs ont une haine viscérale d’Israël depuis 45 ans. Force est de constater encore qu’ils font actuellement tout ce qu’il faut pour tenter d’éliminer ce pays.

Pourquoi le régime islamique voue-t-il une telle haine à Israël d’après vous ?

C’est une très bonne question que vous posez. Lorsque l’Ayatollah Khomeini est arrivé au pouvoir en 1979, ce proche des Frères musulmans a très vite décidé de remettre en question la longue amitié et de coopération mise en place entre l’Iran et Israël sous le Shah. Pour faire simple, Khomeiny a simplement nié le droit à Israël d’exister. Il a plusieurs fois appelé les Iraniens à manifester contre Israël. Ses successeurs ne font que suivre sa pensée. Il suffit de réécouter les propos tenus par l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad en 2005, purement négationnistes et scandaleux, qui ont été heureusement condamnés par l’ensemble de la communauté internationale.

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Face aux actes terroristes du Hamas, Israël a invoqué son droit à se défendre. Soutenues un temps dans l’espoir de voir les otages être libérés rapidement, les opérations militaires de Tsahal sont de plus en plus critiquées. Certains affirment que le gouvernement israélien profite de l’occasion pour massacrer les Palestiniens. Quelle est votre perception de ces accusations ?

Les militants du Hamas et du Hezbollah sont constitués en véritables armées. Ils n’hésitent pas à se mélanger aux populations qui deviennent ainsi des boucliers humains pour eux. Israël, qui se défend, n’a pas d’autres choix que de bombarder la Palestine face à la lâcheté de ces gens. Évidemment, il en ressort des images terribles, glaçantes et qui nous heurtent. Cette situation est catastrophique. Le Hamas pousse Israël à agir ainsi. C’est machiavélique de leur part.

L’Iran a récemment lâché des centaines de drones sur Israël après que Tsahal a détruit une officine de son ambassade à Damas, en Syrie. Réaction unanimement condamnée par toutes les démocraties. Ne croyez-vous pas qu’en faisant cela, Israël a sciemment provoqué Téhéran afin de généraliser le conflit ?

Cette attaque de cette officine est loin d’être anodine. Des chefs des Gardiens de la Révolution étaient réunis dans ces locaux afin de planifier, aux côtés d’autres chefs du Hamas et du Hezbollah, de nouvelles attaques contre Israël. Il va sans dire qu’Israël n’allait pas laisser ses ennemis organiser en toute tranquillité la planification d’attentats sur son sol. Il faut tout de même qu’on m’explique ce que faisaient des officiers militaires du régime des Mollahs en Syrie. Je comprends totalement ce qu’a fait Tsahal.

La communauté internationale soutient l’idée d’une solution à deux États. La création d’un État palestinien indépendant, est-ce la condition préalable à tout pourparler de paix d’après vous ?

Je fais partie de ces personnes qui estiment que les Palestiniens ont le droit légitime à avoir leur propre pays. Si on veut obtenir la paix dans cette partie du Proche-Orient, c’est nécessaire. Mais tant que la République islamique d’Iran sera présente derrière ces organisations terroristes, même si une Palestine indépendante est constituée, il est fort à craindre que les problèmes ne cesseront pas pour autant. Les mollahs sont le cœur de ce conflit selon moi.

Le prince Reza Pahlavi, votre cousin, prétendant au trône, est un soutien ferme d’Israël qui n’a pas hésité à le recevoir comme un chef d’État. Que gagnerait un Iran libre d’une nouvelle alliance avec l’État hébreu ?

Sous le Shah, les relations entre nos deux pays ont été excellentes sur tous les niveaux. Il serait donc logique qu’elles reprennent là où ma famille les avait laissées avant la chute de la monarchie. Dans cette veine, mon cousin Reza Pahlavi suit les pas de son père. Je le soutiens à 100%. Mais au-delà de ces explications, l’Iran a vocation à s’entendre avec toutes les nations, un vecteur de stabilité, de paix, d’économie dans le Moyen-Orient. Tout est à refaire. L’amitié avec Israël existe dans le cœur des Iraniens et elle nous sera indispensable.

Pensez-vous que le régime iranien actuel, une fois abattu, permettrait de restaurer la paix au Moyen et Proche-Orient ?

Oui, j’y crois fermement. Il faut extraire des blessures qui divisent, tout ce venin qui empoisonne le Proche et le Moyen-Orient. Le régime islamique influence et joue un rôle politico-militaire dans des pays comme le Liban, l’Irak, le Yémen. Souvenez-vous comment a été réalisée cette attaque très coordonnée du Hamas. Il est évident que les militants de cette organisation ont reçu une aide extérieure de la part de ce régime tant la logistique est importante dans ce genre d’actions.

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Jusqu’ici, les sanctions mises en place contre le régime de Téhéran n’ont pas eu d’effets escomptés, laissant les Iraniens face à leur destin. Pensez-vous que l’Occident et les États-Unis, que certains accusent d’avoir mis au pouvoir les mollahs, doivent mettre plus de pression sur le régime iranien afin qu’il cède définitivement ?

S’il faut laisser le jugement à l’histoire de ce qui s’est passé en 1979, je regrette à titre personnel que les Américains comme les Européens aient laissé s’installer un tel régime en Iran. Sans compter les traîtres à la monarchie qui ont permis aux mollahs de diffuser leur idéologie révolutionnaire et de manipuler les Iraniens. Il y a des torts partagés. Le seul constat final de cette situation est que nous avons aujourd’hui des fous furieux corrompus au pouvoir en Iran, qui ont détruit un pays moderne et riche, qui ont la capacité d’avoir une bombe atomique. Il faut en être conscient. Il faut donc empêcher que ce conflit se généralise sans quoi la situation va s’aggraver. Soyons honnêtes, les sanctions ne servent à rien puisque l’Iran les contourne grâce à ses accords avec la Russie, la Chine ou le Qatar. Les États-Unis et l’Europe doivent soutenir les revendications des Iraniens dont je salue l’extraordinaire courage dans cette lutte qui les oppose à un régime répressif. Il est temps que la communauté internationale agisse afin de leur donner les moyens de mettre fin à cette dictature et discute uniquement avec l’opposition au régime islamique.

L’opposition iranienne est très divisée. N’est-ce pas un frein pour un tel projet ?

C’est un fait. Certains veulent une république, d’autres une monarchie. Je suis moi-même un monarchiste convaincu. Mais, il n’est pas l’heure encore de discuter de quel régime sera le meilleur pour l’Iran. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Il faut penser unité avant tout. Nous n’avons pas besoin de divisions alors que les Iraniens souffrent, sont victimes d’un régime détestable, et nous appellent. C’est ensemble que nous remporterons la victoire. Lorsqu’un gouvernement d’union nationale sera constitué, il sera toujours temps de poser la question aux Iraniens quant au régime qu’ils souhaitent avoir. Même si personnellement, je soutiens mon cousin Reza Pahlavi, qui est un homme d’expérience, qui possède un leadership reconnu par tous et une stature d’homme d’État, c’est un véritable appel à l’union de tous que je lance ici. Nous devons tous être unis et en ordre de bataille pour le changement. L’Iran est au-dessus de tout, notre peuple se bat pour sa liberté. Dans notre situation, il n’y a pas de place pour les égos et les ambitions personnelles

Quel message souhaitez-vous adresser aux Israéliens, aux Palestiniens et aux Iraniens ?

Soyons désormais sur le même chemin de la paix, de la discussion, d’une compréhension commune. Que chacun tende enfin la main à l’autre afin de construire, pour nos prochaines générations, un modèle de stabilité exemplaire pour les siècles à venir.