Le 9 mai, Adèle Haenel nous annulait de son monde et annonçait la fin de sa carrière au cinéma. À 34 ans, que va-t-elle faire de sa vie? Nos pistes…
Le 9 mai, la comédienne Adèle Haenel adressait une lettre à Télérama pour annoncer au monde entier sa décision de ne plus collaborer avec le cinéma. Le choc fut terrible. On appelle ça faire un neuf sur l’échelle de Richter : techniquement « toutes les structures sont détruites sur une large superficie ». Son idée étant même de « politiser » ce retrait tonitruant, soit en participant à des podcasts de manifs avec son camarade trotskyste Anasse Kazib, soit en tenant des discours ténébreux dans des « amphis occupés », dans la plus belle des traditions romantiques. Comme le chantait Higelin, Adèle ne vit pas sa vie, elle la rêve. Sa précédente incursion au royaume enchanté des contes de fées fut son coup d’éclat pathétique lors de la soirée des Césars 2020. On se lève tous pour Danette.
Impériale dans sa robe couture et parée des mille feux de la meilleure joaillerie parisienne, la princesse aux petits pois jouait l’indignation, le poing levé, face à la célébration du génie de Polanski, et mimait précieusement un faux suicide social.
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Jusqu’où ce petit commerce de l’engagement la conduira-t-il ? Car il y a des précédents qui devraient faire réfléchir cette passionaria faite à 60 % d’eau, comme tout un chacun, et non de feu comme a voulu le faire croire la promotion de l’un de ses films. On pense à Marion Cotillard, éphémère militante de la cause environnementale, dont l’élan s’est brisé sur des accusations d’opportunisme. On songe à Simone Signoret, autre triste victime d’une sorte de névrose de l’engagement médiatique. On a en mémoire la lente et tragique dérive de Jean Seberg, sublime Jeanne d’Arc soutenant les sinistres Black Panthers. On pense surtout à Jane Fonda, passée de Barbarella à militante pro-Vietcong, posant assise sur le siège d’un canon antiaérien nord-vietnamien, qui a fini par vendre – dans les supermarchés – des vidéocassettes d’aérobic dont les recettes ont servi à financer la carrière politique de son époux, même si elle, à 85 ans, vient de participer à la cérémonie de clôture de Cannes.
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On se demande quel sera le destin d’Adèle H, qui semble faire de son parcours un produit marketing calibré pour la génération Z, féministe, éco-consciente, avec les cheveux bleus, mentalement fragile et révoltée. Quels seront les prochains jalons ? Les prochaines péripéties bruyantes et égotiques ? Un retour au cinéma, bien entendu. Avec un film d’elle, sur elle, avec elle. Car le spectacle récupère toujours tout…
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