Si la cause écolo n’est qu’un prétexte de plus aux jeunes écervelés pour étaler leur égocentrisme sur les réseaux sociaux, elle révèle aussi leur envie de répression et d’interdits. Un nouvel ordre moral qui leur permet de fuir leurs responsabilités et demeurer d’éternels adolescents.
L’écologique écho traverse les oreilles de nos jeunes oisifs aux mille lubies dont la dernière en date est de cesser de procréer – « vivre pollue ! » Vous l’ignoriez peut-être mais un égrégore objectivement nihiliste embrume la vitalité d’une frange massive des jeunesses écolo-boboïsées. Vivre tue, et par adoration pour ce néojansénisme écologique, ils jurent qu’ils ne feront plus d’enfants car ce n’est pas un comportement de « citoyen responsable, moral et altruiste ».
Cette affirmation est hypocrite. Sa motivation réelle est de se soustraire à la contrainte de devenir adulte. Il s’agit de fuir le lot de responsabilités qui accompagne le monde des grands pour demeurer des adulescents éternels… et éventuellement finir en Ehpad à 135 ans, perfusés à Netflix et à la réalité virtuelle. Le pire dans cette antivolonté de descendance réside dans ce paradoxe comique : comment peut-on aimer l’écologie, la nature et le fleurissement de celle-ci, tout en s’autoproclamant branches mortes de l’arbre de sa généalogie, sans rougir sous le regard interrogateur de nos aïeux qui trimèrent pour en arriver là ?
Il faut croire que certains prétendent aimer théoriquement la nature à la mesure de leur détestation de l’humain, et à travers l’humain, d’eux-mêmes, si tant est que l’on puisse qualifier d’humain le foisonnement d’idées bizarres qui macèrent dans le psychisme de certains milléniaux. Quand on leur demande s’ils seraient prêts, pour aller au bout de leurs idées et sauver la planète, à imposer une dictature écologique au monde entier qui pollue un peu plus que le citoyen écoresponsable de centre-ville et n’a que faire de la moraline écolo, ils pâlissent, de peur d’opprimer. Verts de rage, ils ne peuvent que s’opprimer eux-mêmes, se stériliser eux-mêmes, s’amenuiser et s’anéantir eux-mêmes, en contradiction totale avec les prescriptions de mère Nature qui ne connaît que l’accroissement, la lutte et la prolifération. Le discours antinataliste s’accompagne le plus souvent d’une volonté suspecte d’adopter un Vietnamien ou un Thaïlandais parce que « ça sert à rien d’en faire, vu qu’il y a déjà tant d’enfants qui n’ont pas de famille » : ainsi établissent-ils un lien ontologique entre refus de procréation et pseudo-charité consistant à élever les enfants des autres. Ou bien peut-être que la volonté de kidnapper les bambins du tiers-monde est une manière pour nos jeunes de les éduquer dans un dernier petit relent colonialiste à peine conscient !
On ne compte plus le nombre de gamines qui se prévalent de l’écologie par mode, en se gardant bien de cesser de se peinturlurer le visage et de débrancher les connexions de leurs myriades de comptes et réseaux sans lesquels elles feraient une crise de déréalisation. Certains influenceurs qui se piquent d’expérimenter un retour à la vie sauvage se sentent absolument obligés de créer un compte Instagram pour relater leurs exploits et périples. Sans doute peuvent-ils ainsi bénéficier de la sollicitude que ne leur prodiguent pas les pumas et autres sangliers qu’ils pourraient croiser. Autant dire que leur écologie sonne fabriqué, faux, postmoderne et synthétique.
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Restons dans le sujet en évoquant le Code de la route qui se mue d’année en année en pathétique catéchisme vert. La moitié de ce que l’on apprend est un pinaillage quasi insignifiant pour nous sensibiliser à la gravité d’oublier d’éteindre son moteur au feu rouge et autres broutilles du genre, plutôt que de nous apprendre à rester en vie sur la route. Mais n’ayons crainte, les limitations de vitesse seront telles que même les escargots les plus apathiques n’auront plus de soucis à se faire pour esquiver nos véhicules.
L’empressement fayot de toutes les institutions et des citadins éclairés à célébrer en chœur et dévotement, voire hystériquement, leurs gestes écolos a quelque chose de nombriliste et de présomptueux. Ils se rêvent en bienfaiteurs de la nature, comme si sa pérennité tenait à leur bon vouloir, alors que la France ne représente que 1 % des émissions de CO2 dans le monde. Ils sont convaincus que leur oubli de trier les déchets est périlleux pour l’écosystème alors que, quoiqu’ils fassent, un an après la disparition de l’homme sur cette terre, si cela devait advenir, la vie naturelle reprendrait ses droits – comme on a pu le constater pendant les confinements durant lesquels des bêtes de toute nature vagabondaient dans les rues, où les oiseaux roucoulaient des symphonies nouvelles. L’homme n’enterre pas la terre. Mbappé n’aura donc pas besoin de passer son permis de conduire de char à voile pour jouer le prochain match du PSG à l’extérieur.
On pressent tous, à différents niveaux, qu’il existe quelque chose de vicié dans l’écologie punitive, culpabilisatrice et masochiste qui s’apparente à une suite d’injonctions perverses de diminution progressive de tout ce qui fait la hardiesse de l’homme : rouler moins vite ou mieux, ne marcher qu’à pied, ne plus s’éclairer ni se chauffer, ne plus se doucher, ne manger que des larves humiliantes, consommer à minima, cesser de faire l’amour parce que le préservatif pollue et que sans lui y’a des gosses… bref, ne plus jouir ni se réjouir. Le plus infâme est que le sabordage de l’ego nécessaire du peuple par ce nouvel ordre moral, est mis en scène par des enfants autistes et joufflus ou des vieilles hystériques sectaires et puritaines, soit des Thunberg et des Rousseau, qu’une bande de gamins décérébrés célèbrent comme les nouvelles déesses d’un Olympe mortifère aux valeurs inversées : nous méprisions les rats rebaptisés surmulots et nous allons vivre comme des cafards surnommés écolos.
Alors, si le CO2 c’est odieux, aux dieux d’en juger.