Les parcs et jardins constituent une part remarquable de notre patrimoine historique. Mais ces créations fragiles ont été négligées au fil des siècles. C’est pourquoi le Centre des monuments nationaux (CMN) met les bouchées doubles pour restaurer notre « patrimoine vert ». Les chantiers sont colossaux.
La grande tempête de 1999 a été un drame humain et matériel qui nous a cependant permis de prendre conscience de l’importance de notre patrimoine naturel, remarquable et fragile – on se souvient de l’incroyable succès de la souscription publique lancée pour replanter le parc de Versailles. Et ces dernières années, la pandémie de Covid a révélé chez les citadins un besoin de nature, de verdure et de vastes espaces. Tous ces facteurs alimentent une nouvelle approche du Centre des monuments nationaux (CMN) vis-à-vis du « patrimoine vert », ces parcs et jardins qui entourent bien souvent nos châteaux et qui ont été trop longtemps négligés. L’entretien et la restauration du patrimoine bâti est une obligation, mais la prise de conscience qu’un jardin peut être l’écrin de verdure fondamental à un monument – son pendant, voire son prolongement extérieur– est une avancée majeure pour le patrimoine. À leur façon, nos parcs et jardins racontent, eux aussi, l’histoire des siècles passés.
Une approche différente et coûteuse
La restauration d’un monument est bien différente de celle d’un jardin. Un bâtiment assaini, « hors d’eau », nécessite un entretien régulier, mais moins fréquent – et moins coûteux – que celui d’un extérieur qui s’avère être un chantier perpétuel. Il est ici question de travailler le vivant qui, par définition, évolue en permanence. Aux cycles saisonniers auxquels il faut répondre – tailler les arbres et tondre les pelouses, replanter les parterres selon les floraisons et désherber les allées –, s’ajoutent les imprévus d’une tempête, d’une inondation, du gel, de la sécheresse et des phytovirus. Le plus beau des jardins reste ainsi une œuvre constamment menacée de destruction.
A lire aussi : Le jardinier ou la modernité
Sur la centaine de monuments qui lui sont confiés par l’État, le CMN gère un patrimoine naturel important : 82 parcs, jardins d’agrément, potagers, vergers, mais aussi des terres agricoles et des domaines forestiers qui totalisent près de 3 100 hectares à travers tout le pays. L’urgence d’une restauration pour certains d’entre eux et l’entretien obligatoire de cet ensemble a un coût très élevé. Philippe Bélaval, le président du CMN, reconnaît qu’il « est nécessaire de dégager davantage de budget pour garantir l’avenir de ces espaces. En outre, nous n’avons pas suffisamment de jardiniers,
