Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan, sorti le 12 juillet. Un superbe film turc.
Le prix d’interprétation féminine raflé à Cannes par l’actrice des Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan, ne doit pas réduire ce chef-d’œuvre à cette récompense. Une fois encore, le cinéaste turc fait mouche avec cette grande fresque romanesque qui brosse le portrait d’un prof accusé à tort de harcèlement sexuel dans un petit collège d’Anatolie. Avec sa maestria habituelle, le réalisateur signe un film dont le héros fait songer à celui de Musil dans L’Homme sans qualités. Champion toutes catégories des longues conversations entre deux personnages, il s’en évade régulièrement jusqu’à briser le fameux « quatrième mur » de la représentation théâtrale lors d’une scène dont il ne faut rien révéler. De même dans sa seconde moitié, lorsque le récit se révèle totalement imprévisible. Le tout est porté par l’art de la mise en scène et des ruptures de ton et de forme qui mettent à l’image un cinéma trop souvent décrit, et à tort, comme froid et pesant.