Un courant très hostile à l’institution policière cherche à faire croire qu’il recueille l’assentiment de la majorité des citoyens
À considérer, à lire et à entendre ce qui, depuis quelques jours, est déversé contre les violences illégitimes qui auraient été commises, en telle ou telle circonstance, par la police, on pourrait avoir l’impression que celle-ci devrait être globalement condamnée, la multitude de ses missions accomplies souvent dangereusement, et en parfaite conformité déontologique et républicaine, comptant quasiment pour rien.
À l’évidence la France est traversée à intervalles réguliers – quand l’actualité offre à des minorités extrémistes favorisées par l’enflure médiatique – par un courant très hostile à l’institution policière, qui cherche à faire croire qu’il recueille l’assentiment du plus grand nombre.
Le soutien aux forces de l’ordre progresse dans l’opinion
Alors que la masse des citoyens au contraire apporte son soutien aux forces de l’ordre et a confiance dans leur action. Cette adhésion majoritaire est d’autant plus signifiante qu’elle progresse si on examine les enquêtes d’opinion.
Pourtant on est inondé par des suspicions, des stigmatisations, des présomptions de culpabilité, des procès expéditifs et des lâchetés intellectuelles et politiques qui parviennent à faire oublier l’essentiel: les Français aiment leur police, les voyous la détestent, et en général on ne confond pas le monopole de la force légitime, qui lui est dévolu par la loi et la démocratie, avec les rares transgressions inexcusables de la part de certains fonctionnaires dévoyés.
Ce que le citoyen honnête appréhende avec justesse en sachant distinguer l’immense bon grain de la résiduelle ivraie n’est cependant pas l’attitude d’une caste politique et médiatique qui s’obstine à imputer une violence systémique à la police alors que cette violence est de l’autre côté, le côté qui s’en prend à elle parce qu’elle dérange, déstabilise, interpelle, arrête et défère. Parce que la police est ce qui se met entre les malfaisances et le citoyen.
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La raison fondamentale de l’hypertrophie de la détestation policière tient au fait que délibérément on a accepté un parallélisme absurde entre la légitimité de la police, la bienfaisance de ses missions et les entreprises de démolition de ceux qui n’ont pour ambition que de « casser du flic ».
Cette équivalence aberrante a commencé avec les Gilets jaunes même si j’admets que certains d’entre eux ont subi des atteintes intolérables sous l’autorité d’un Christophe Castaner dur avec eux et si faible par la suite. Rappeler qu’il n’y a pas de commune mesure possible entre ce que la police a le droit et le devoir de mettre en œuvre et les violents qui la fuient, la frappent, la blessent ou la tuent est une donnée de base fondamentale. Trop souvent négligée, occultée par lâcheté.
Récuser l’écume médiatique et soutenir vraiment la police pour notre démocratie impose le courage de ne pas l’abandonner en rase campagne, de comprendre qu’elle a précisément besoin d’une confiance quand des partialités et des idéologies feignent de la décréter coupable de tout. En ne mesurant rien des affrontements qu’au quotidien elle subit et cherche à maîtriser.
L’article 24 est utile
Il convient surtout, même de la part d’un ministre de l’Intérieur qui bénéficie d’une comparaison flatteuse avec son prédécesseur, de ne pas procéder par embardées, de ne pas faire suivre sa solidarité avec les troupes dont il a la charge et la vigueur de son accompagnement, de critiques explicites et démagogiques. Il faut vraiment choisir : être le ministre des forces de l’ordre ou bien celui qui, par intermittences, donnera du grain à moudre, pour se faire bien voir, aux ennemis compulsifs de la police.
Cette manière ostensiblement contrastée de conjuguer les lumières et les ombres, paradoxalement, met trop l’accent sur les ombres au lieu de les banaliser intelligemment comme la rançon inévitable d’un exercice policier la plupart du temps exemplaire.
Le pouvoir ne s’est pas illustré ces derniers jours par sa cohérence face à la contestation de cet excellent article 24 de la proposition de loi sur la sécurité globale. Il l’était dès l’origine mais il l’est devenu encore davantage avec l’ajout au texte d’une intention maligne qui aurait dû enlever toute crainte aux suspicieux républicains. Comme s’il n’était pas concevable de laisser toute liberté à la prise d’images et à l’information en récusant seulement la diffusion malveillante de nature à porter atteinte à l’intégrité physique et psychique des policiers.
Pour qui a l’expérience du rôle de ceux-ci et de la manière dont leur vie, en dehors de leur activité professionnelle, est devenue pour beaucoup d’entre eux un enfer, on comprend l’utilité des dispositions spécifiques de cet article et de la protection qu’il pourrait et devrait assurer à des fonctionnaires mis de plus en plus en danger par la diffusion perverse de leur image.
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L’alliance d’un article 24 réécrit ou inséré ailleurs – mais dépouillé pour complaire aux médias de ce qu’il avait de meilleur au bénéfice de la police – et d’une confiance politique trop intermittente et chiche risquerait d’engendrer des effets très négatifs pour le futur des forces de l’ordre de plus en plus mobilisées, de moins en moins soutenues.
J’aimerais, pour illustrer ce point important de mon billet, renvoyer à un article que j’avais écrit le 14 février 2010 : « Si j’étais policier… » J’avais monologué en relatant dans le détail la quotidienneté de ces gardiens de la paix et des épreuves qui étaient les leurs, dans les sphères professionnelle et privée. J’avais reçu un nombre incalculable de commentaires et de témoignages : je n’ose imaginer ce que ce texte aurait suscité aujourd’hui.
Tout pourrait être si simple: l’inconditionnalité à l’égard d’une police à son meilleur, la condamnation sans faiblesse du pire délictuel ou criminel susceptible de la dégrader.
La police entre écume médiatique et vrai soutien.
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