L’illustration d’un journal tchèque pour « Black lives matters » (BLM) étonne les progressistes de salon…
Contrairement à la Pologne et à la Hongrie, la République tchèque a rarement droit aux premières pages des journaux. Il faut dire que la révolution de velours y a installé une démocratie libérale peu comparable aux régimes Kaczynski et Orban.
Quand un hebdomadaire tchèque à grand tirage met en une une photo d’Hitler en coupe afro, on peut se demander quelle mouche l’a piqué. Le journal Reflex, classé au centre droit, démonte ainsi l’idéologie différentialiste du slogan « Black Lives Matter » en accompagnant le portrait du Führer de la légende : « Allons-nous nous agenouiller devant tous les criminels qui auraient voulu nous “améliorer” ? »
Dans un pays où l’occupation nazie, la cruauté d’Heydrich et le massacre de Lidice ont laissé des traces, le parallèle est osé. Suspendu vingt-quatre heures de Facebook après avoir publié ce montage, le rédacteur en chef Marek Stonis a dû s’expliquer. « La gauche pleure le tendre géant George Floyd, un homme qui, en plus de son passé criminel haut en couleur, a écopé de cinq ans de prison après avoir agressé une femme enceinte avec un pistolet à la main. J’ai tendance à faire preuve de solidarité avec les victimes de ses crimes. »
Certes, mais que vient faire Hitler dans tout ça ? C’est qu’une certaine gauche anti-universaliste reprend la traditionnelle hiérarchie des races en l’inversant. Ultra minoritaire chez cet ancien vassal de l’Union soviétique, ce courant est notamment représenté par un historien de la faculté des arts de Prague qui appelle son pays à la repentance. Jusqu’ici, on ignorait que la Bohème fût une puissance esclavagiste. Au prétexte que le verre tchèque aurait autrefois été acheté par des esclavagistes européens, puis exporté dans les colonies, l’universitaire exhorte Prague à expier ses fautes. Son offensive suscite l’ironie du rédacteur de Reflex : « Impliquer les Tchèques dans la traite est un non-sens, autant nous faire payer l’extinction des mammouths » ! Qu’on partage ou non sa tendance au point Godwin, on appréciera l’humour tchèque.
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