De nouveau, les militantes seins nues des Femen ont réussi leur coup de com’. Cette fois-ci, c’est François Hollande lui-même qui a été pris au piège. Le président de la République, qui devait s’exprimer dans un point presse sur la mort du militant écolo Rémi Fraisse, a été surpris par deux Femen qui l’ont interpellé sur le procès pour exhibitionnisme visant deux de leurs camarades. François Hollande s’en est tirée avec un « Je vous ai comprises » gaullien. Au cas où les militantes féministes ne connaîtraient pas l’histoire du fondateur de la Ve République, rappelons que le sens exact de la phrase est « Je vous ai, certes, entendue mais je vais faire exactement comme je veux ».
Mais laissons là les cours d’histoire. Très vite, la presse s’est – légitimement – interrogée sur un éventuel dysfonctionnement du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République), l’unité mi-police nationale mi-gendarmerie dont la mission principale est d’assurer la protection « personnelle et immédiate » du président de la République française. En revanche, personne n’a encore mis en cause la ruse qu’ont utilisée les Femen pour flouer les fonctionnaires chargés de la protection du chef de l’Etat et des armées. Probablement renseigné par un média convoqué à l’Elysée, l’une d’entre elles s’est fait passer pour une étudiante en journalisme pour obtenir le droit de participer à la conférence de presse d’aujourd’hui.
Ceux qui ont la mémoire longue (ou qui travaillent pour le GSPR) se souviennent que le Commandant Massoud, le chef afghan qui se battait contre les Talibans, a été assassiné le 9 septembre 2011, 48 heures à peine avant l’attaque contre les tours jumelles de New York par un commando de faux journalistes tuniso-belges. Sans aller aussi loin dans la comparaison, on peut s’étonner de la mansuétude des médias à l’égard des Femen. Il est plus que probable que les journalistes en paient bientôt le prix par un renforcement de la sécurité de l’Elysée et un accès plus difficile au chef de l’Etat. Bref, ils auront encore plus de mal à exercer leur métier. Les mauvaises langues diront que si aucun journaliste ne remet en cause le bien-fondé de ce procédé, c’est parce que notre profession juge la cause bonne et préfère ne pas y regarder de trop près…
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