Les salles de cinéma sont enfin ouvertes mais avec une programmation aussi stupidement pléthorique que platement médiocre. Mieux vaut compter sur quelques réjouissants DVD pour ne pas désespérer du septième art.
Objectif Frissons
Les Félins, de René Clément
Édité par Gaumont
Il serait temps de faire cesser le léger mépris qui prévaut à la seule évocation du nom de René Clément. Dans le meilleur des cas, et du bout des lèvres, on cite La Bataille du rail et Jeux interdits : on loue l’esprit de Résistance du premier et la joliesse enfantine de l’autre. Fermez le ban et allez voir ailleurs s’il y a du cinéma. Or, du cinéma, et du bon, il y en a beaucoup dans l’œuvre de Clément. Quoique courte (20 films), sa filmographie est remarquable par sa diversité : il y explore aussi bien le documentaire (Ceux du rail) que l’adaptation littéraire, de Zola (Gervaise) à Duras (Barrage contre le Pacifique), en passant par la superproduction nationale (Paris brûle-t-il ?) ou bien encore l’inclassable et fascinant Monsieur Ripois avec Queneau à l’écriture et Gérard Philipe dans le rôle titre. Avec tout cela, on voudrait reléguer Clément au second plan… Cocteau, lui, ne s’y était pas trompé qui l’avait pris comme conseiller technique sur le délicat tournage de La Belle et la Bête.

Et puis il faudrait également oublier deux pépites superbement sombres des années 1950 et 1960, deux films qui n’ont rien à envier aux œuvres américaines de la même époque, le premier en couleurs, le second en noir et blanc : Plein soleil (1959) et Les Félins (1964). À nouveau deux adaptations littéraires. Le premier jouit heureusement d’une solide réputation, grâce notamment à une impressionnante liste technique et artistique selon l’expression consacrée : au scénario, le talentueux
