Les Dialogues des Carmélites, œuvre de Georges Bernanos transposée en opéra par Francis Poulenc, relate la tragédie des religieuses de Compiègne massacrées pendant la Révolution. Cette tragédie est magnifiquement portée à la scène du Théâtre des Champs-Élysées.
Les Français ont beau jeu de se rengorger devant leur Révolution : s’ils proclamèrent l’abolition des privilèges et conçurent la Déclaration des Droits de l’Homme, ils ont aussi bien vite, durant la Terreur, sécrété toutes les horreurs du totalitarisme et laissé la lie de la population prendre le pouvoir. Ils ont poussé la violence de l’idéologie révolutionnaire jusqu’aux extrêmes limites de la barbarie, piétiné la justice la plus élémentaire, et le Tribunal révolutionnaire, pour ne citer que lui, s’appuyant sur la Convention et le Comité de Salut public, préfigura les pires crimes du communisme et du fascisme.
Manifeste antitotalitaire
Le martyre des Carmélites de Compiègne est le plus éloquent symbole de cette barbarie et l’un des plus atroces effets de l’idéologie d’alors : on osa condamner à mort seize malheureuses femmes coupables seulement de croire en Dieu, de vivre leur foi dans la simplicité de leur couvent. On leur fit un crime de s’être maintenues en communauté et, ce faisant, de participer ainsi « à des rassemblements et conciliabules contre-révolutionnaires ». On les accusa de « correspondance fanatique » pour s’être adressées à quelque prêtre proscrit, de « conserver des écrits liberticides » pour avoir
