Une adaptation des Diaboliques qui ne démérite pas. Une distribution qui vaut le détour. Que demander de plus?
Il y a plusieurs raisons d’aller voir l’adaptation des Diaboliques, par Christophe Barbier, au Théâtre de Poche-Montparnasse.
D’abord, ce petit théâtre est une famille et il est toujours – « parfois » ? D’accord – « parfois » agréable de rendre visite à la famille. Les Tesson et leurs collatéraux (l’équipe qui fait marcher la boutique) sont toujours dans les parages, et c’est un plaisir – chaleur, sourire, attention sont au rendez-vous.
La deuxième raison, c’est Barbey d’Aurevilly (1808-1889), bien sûr – je n’insiste pas : j’en ai parlé il y a trois jours sur le site de Causeur.
La troisième raison, c’est que l’adaptation, par quelqu’un qui aime et connaît Barbey – Christophe Barbier – tient la route. Elle n’est pas extravagante, elle est honnête, et fidèle à l’esprit de Barbey. Pas de trahison, pas d’œuvre mise au service d’un ego : une adaptation, donc. Une bonne adaptation.
Le dispositif scénique du metteur en scène Nicolas Briançon (qui a souvent de bonnes idées et du nez) est astucieux – et les décors (Bastien Forestier) et costumes (Michel Dussarat), au diapason. Explication.
Lorsqu’il publie Les Diaboliques en 1874, Barbey, qui y travaille depuis 1850, s’expose – et le sait. Le recueil de six nouvelles est en effet saisi, et Barbey, poursuivi pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, et complicité ». Il échappe de peu au procès. Le recueil est réédité en 1882, avec une nouvelle préface – dans une indifférence assez désolante : huit ans, et tout a changé. Passons.
L’idée de Briançon : donner la parole aux comédiens et à la comédienne qui, habilement, sans peser, alternent représentation d’une des nouvelles adaptée (il y en a quatre sur six : Le Bonheur dans le crime, Le Rideau cramoisi, La Vengeance d’une femme, À un dîner d’athées) et défense postulée de Barbey aux critiques qui lui ont été faites. Critiques que les comédiens et la comédienne démonétisent gré à gré, avant d’enchaîner avec la nouvelle suivante.
Procédé fidèle à celui de Barbey, d’emboîtement des histoires les unes dans les autres (« comme des poupées gigognes » ou « Ricochets de conversation » – titre initial des Diaboliques) : un narrateur raconte une histoire dans laquelle un personnage raconte une histoire qui lui est arrivée, etc.
Citons les comédiens – Gabriel Le Doze, Krystoff Fluder et Reynold de Gueniveau – irréprochables chacun dans son style, et complémentaires : une fine équipe. Quant à celle qui fut, dix ans, danseuse professionnelle – Magali… Lange : comme son nom l’indique. Régal.
Théâtre de Poche-Montparnasse – du mardi au samedi 21H – Dimanche 17H. 75 bld du Montparnasse 75006. Tél. 0145445021. Durée : 1H25.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !