Au Caire, une flambée de solidarité nationale et interconfessionnelle a fait avant hier 10 à 13 morts et plusieurs dizaines de blessés. Les affrontements entre coptes et musulmans, les plus graves depuis le début de la révolution fin janvier, traduisent des tensions profondes et multiples entres les communautés. Cette fois-ci il s’agit au départ d’une église incendiée mais aussi d’une affaire « sentimentale ».
Les violences ont éclaté dans le quartier de Moukattam. Si ce nom vous semble vaguement familier vous n’avez pas tort : il s’agit en effet du « quartier » – ou plutôt du bidonville – où Sœur Emmanuelle a œuvré pendant une trentaine d’année.
Cette information doit nous rappeler que la communauté chrétienne égyptienne n’est pas composée que de VIP comme Boutros-Ghali mais aussi de chiffonniers comme les « zabbalines », les « hommes des déchets ».
L’une des figures de proue de la protestation copte est d’ailleurs le Père Metias Nasr, curé de la paroisse Sainte-Marie d’Ezbet-el Nakhl, où Sœur Emmanuelle a commencé son engagement auprès des zabbalines. Suite aux violences ceux-ci ont perdu certaines des installations construites pendant les années 1980-1990 – notamment grâce aux fonds levés par Sœur Emmanuelle – pour les aider à recycler les déchets.
S’il semble évident que les Égyptiens ont arraché dans la rue quelques libertés, il faudra patienter un peu, surtout si l’on est copte, pour l’égalité, et l’on n’ose même pas penser à la fraternité…
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