Terreur d’hier et Terreur d’aujourd’hui: Chateaubriand nous parle des islamo-gauchistes et d’un air du temps, frelaté
Le « côte à côte » a vécu ; le « face à face » annoncé par Gérard Collomb se profile. La France, battant sans relâche sa coulpe pour un passé colonial révolu, a sacrifié une culture et une identité séculaires à la chimère de l’accueil inconditionnel de l’autre. Aussi, sous les coups de boutoir que lui assène une immigration arabo-musulmane incontrôlée et manipulée par les sectateurs du communautarisme et du séparatisme – islamo-gauchistes et autres Khmers verts écologistes – notre pays menace ruine.
Deux peuples ?
La manifestation organisée contre l’antisémitisme, dont le sage cortège a coulé doucement dans les rues de Paris, est l’incarnation de cette civilisation qui naufrage, dénigrée, méprisée et bafouée dans ses valeurs comme dans sa culture. En l’absence d’un président de la République qui a préféré se défiler, peut-être sur les conseils pervers du sieur Bellatar, son ancien « Monsieur banlieues », repris de justice et chantre du communautarisme, une foule, qui n’était pas celle des grands jours, a défilé, digne et disciplinée pour dénoncer la recrudescence des actes antisémites sur notre sol. Le cortège qui rassemblait des participants plus très jeunes, trop blancs, et trop silencieux a suivi respectueusement ceux qui incarnent quarante ans d’une politique migratoire désastreuse. Ce jour-là, certes, il pleuvait, mais on aurait facilement pu prendre un café en terrasse sans craindre quelque déchaînement de violence ; le mobilier urbain n’a pas été ravagé, les devantures des commerces non plus. Personne n’a « détesté la police ». Il faut dire que l’extrême gauche judéophobe n’était pas là pour orchestrer le chaos qu’elle affectionne.
A lire aussi: Éric Zemmour face à la « rue arabe »
Au sommet de l’État, alors que l’antisémitisme et la violence prospèrent, qu’on attaque, insulte ou profane allègrement, c’est la lâcheté qui prévaut. Notre Défaillant de la République, boussole démagnétisée, Prince de la palinodie, multiplie les dérobades, les subtilités langagières grossières et autres contorsions verbales hasardeuses pour ne pas désigner de coupables. Il redoute de dresser l’un contre l’autre deux camps d’un même pays qui lui semblent irréconciliables : celui des islamo-gauchistes, qu’il ménage, et l’autre, qui réunit ceux qui sont attachés à leur histoire comme à leurs racines. Au gouvernement et chez les bien-pensants, quand il s’agit de nommer les antisémites d’aujourd’hui, on fouille dans les poubelles de l’histoire, par idéologie ou par couardise, et on exhume les responsables du vieil antisémitisme pour leur imputer le nouveau. Pendant ce temps, ceux qui « disent ce qu’ils voient et voient ce qu’ils voient » sont désignés à la vindicte générale comme les thuriféraires de l’extrême droite. Du côté des tenants du multiculturalisme, pour accompagner le délitement général on s’empresse de balancer un peu de solvant sur ce qu’il reste de nos traditions. Ainsi, la ville de Nantes vient d’apporter sa pelletée de compost pour contribuer généreusement à la putréfaction générale. Nous découvrons, atterrés, la décoration de Noël inclusive qui célèbre « le voyage en hiver » autour de « petite maman Noël » en jogging : « Parce qu’au XXIème siècle, l’esprit de Noël est multiculturel. Il n’est plus unique mais laisse la place à toutes les confessions. Parce que ces moments féériques devraient rassembler tout le monde sous le même drapeau de la créativité. » Pour sûr : « La terre a des limites, mais la bêtise humaine est infinie. »
Le monde change de peau, sera-t-il laid ou bien beau
Les situations historique et politique actuelles sont inédites, certes, toutefois l’atmosphère de faillite générale d’avant la Terreur restituée par Chateaubriand, encore dans ses Mémoires d’outre-tombe, ressemble étrangement à l’air – frelaté – de notre temps, celui d’un monde sur le point de changer de peau : « (…) le vieux monde s’effaçait (…) Les licences sociales manifestées au rajeunissement de la France, les libertés de 1789, ces libertés fantasques et déréglées d’un ordre des choses qui se détruit et n’est pas encore l’anarchie, se nivelaient sous le sceptre populaire : on sentait l’approche d’une jeune tyrannie plébéienne (…) »Le mémorialiste croque également les agitateurs préparant la Terreur, croisés au club des Cordeliers : « Les orateurs, unis pour détruire, ne s’entendaient ni sur les chefs à choisir, ni sur les moyens à employer, ils se traitaient de gueux, de gitons, de filous, de voleurs, de massacreurs, à la cacophonie des sifflets et des hurlements de leurs différents groupes de diables. (…) Détruire et produire, mort et génération, on ne démêlait que cela à travers l’argot sauvage dont les oreilles étaient assourdies (…) » « Les plus difformes de la bande obtenaient de préférence la parole. Les infirmités de l’âme et du corps ont joué un rôle dans nos troubles : l’amour propre en souffrance a fait de grands révolutionnaires. » À se demander si l’écrivain ne s’est pas rendu récemment dans l’enceinte du Palais Bourbon où sévit la joyeuse bande des Insoumis.
Il semblerait enfin que Chateaubriand ait aussi croisé Mélenchon, fomentateur de notre Terreur imminente : « Danton n’avait pas la conviction des principes qu’il soutenait ; il ne s’était affublé du manteau révolutionnaire que pour arriver à la fortune. « Venez brailler avec nous », conseillait-il à un jeune homme ; « quand vous vous serez enrichi, vous ferez ce que vous voudrez. » Il confessa que s’il ne s’était pas livré à la cour, c’est qu’elle n’avait pas voulu le payer assez cher : effronterie d’une intelligence qui se connaît et d’une corruption qui s’avoue à gueule bée. » De la Terreur d’hier à celle d’aujourd’hui, il n’y a qu’un pas.