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L’année lyrique parisienne finit en apothéose

Les Contes d’Hoffmann: notre chroniqueur est ressorti ravi de l'Opéra-Bastille


L’année lyrique parisienne finit en apothéose
Les Contes d'Hoffmann 2023 © Emilie Brouchon / Opéra national de Paris

L’opéra d’Offenbach, les Contes d’Hoffmann, à l’Opéra Bastille


« Belle nuit, Ô nuit d’amour, /souris à nos ivresses, /Nuit plus douce que le jour/ Emporte nos tendresses (…) / Zéphirs embrasés/ Donnez-nous nos baisers… » Etc. Sur le livret coquin du seul Jules Barbier (son fidèle compère librettiste Michel Carré, co-auteur de la pièce éponyme, étant mort en 1872) c’est la mélodie de la célèbre barcarolle vénitienne qui ouvre le 3ème acte des Contes d’Hoffmann. Millésime 1881, l’opéra posthume – et même inachevé – de Jacques Offenbach (1819-1880) est magnifié comme jamais par la prodigieuse mise en scène de Robert Carsen.  

Dispositif vertigineux

C’est que, produite en l’an 2000, sa régie, un quart de siècle après, n’a pas pris une ride. La mise en abyme – le théâtre dans le théâtre – demeure un motif récurrent chez le grand scénographe canadien. Sur le plateau de l’Opéra-Bastille, les rangées parallèles des fauteuils d’orchestre en velours rouge se balancent latéralement sur un rythme de valse, en miroir de la vraie salle : énorme partouze où s’abandonnent les spectateurs supposés d’une représentation de Don Giovanni. C’est avec ébahissement que le public de l’Opéra-Bastille découvre ce dispositif vertigineux. De bout en bout, le faste visuel des transformations architecturales du décor, passant des coulisses à la fosse d’orchestre, reste le premier régal de ce spectacle.

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À travers le récit des trois amours passés d’Hoffmann, – Olympia, Antonia et Julietta – est merveilleusement exploitée la veine tout à la fois burlesque, allègre et teintée de mélancolie de la partition. Un des morceaux de bravoure étant sans conteste la chanson d’Olympia (« Tout ce qui chante et résonne/ Et soupire tour à tour/ Emeut son cœur qui frissonne/ D’amour ») que campe, irrésistiblement drôle en blanche automate carapaçonnée de bakélite, la soprano sud-africaine Pretty Yende. Si elle n’est pas à son meilleur dans les vocalises de haute voltige qu’exige le rôle, le ténébreux baryton-basse américain Christian Van Horn excelle quant à lui dans ses quatre costumes lucifériens. Angela Brower offre à la Muse son très subtil vibrato, malgré un phrasé qui manque de netteté ; Antonia, sous les traits de la soprano Rachel Willis-Sorensen, qu’on entendait chanter pour la première fois dans les murs de l’Opéra de Paris, dispense un timbre solidement charnu, ultra précis dans l’articulation, et ce jusque dans les aigus les plus redoutables.

Hallucinant Benjamin Bernheim

Mais surtout, surtout, le ténor francophone Benjamin Bernheim incarne un Hoffmann proprement inoubliable, tant dans la perfection vocale que dans la présence scénique : hallucinant ! Ce spectacle confinerait à la légende sans le bémol d’une direction orchestrale quelque peu métronomique et manquant cruellement de liant,  sous la battue rigide de Madame Eun Sun Kim, la directrice musicale de l’Opéra de San Francisco, originaire de Corée du Sud. Le ténor russe Dmitry Korchak, qu’on a entendu ici l’an passé dans La Cerenentola, relaiera Benjamin Bernheim dans le rôle- titre, à partir du 21 décembre, pour les trois dernières représentations. Autant dire que l’année 2023 promet de finir en apothéose – au moins à l’opéra…

Benjamin Bernheim – Photo: Emilie Brouchon Opéra national de Paris/Bastille

Les Contes d’Hoffmann. Opéra fantastique en un prologue, trois actes et un épilogue, de Jacques Offenbach (1881). Direction : Eun Sun Kim. Mise en scène : Robert Carsen. Orchestre et chœurs de l’opéra national de Paris. Avec Benjamin Bernheim/ Dimitry Korchak (30 nov., 9, 12, 15,18 déc./ 21, 24,27 déc.), Christian Van Horn, Leonardo Cortellazzi, Vincent Le Texier, Pretty Yende, Rachel Willis-Serensen, Antoinette Dennenfeld, Angela Brower…  Durée : 3h30

À noter que Les Contes d’Hoffmann sera diffusé le samedi 20 janvier 2024 à 20h sur France Musique dans l’émission « Samedi à l’opéra » présentée par Judith Chaine.




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