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« Les Clés du royaume »: dans la miséricorde du Christ

Gregory Peck missionnaire écossais en Chine


« Les Clés du royaume »: dans la miséricorde du Christ
Les clefs du royaume THE KEYS OF THE KINGDOM Gregory Peck, Thomas Mitchell Film de John M. Stahl (1944) © Archives du 7eme Art / Photo12 via AFP

Avec ce mélodrame de John M. Stahl tourné en 1944, Jacques Déniel poursuit son exploration du rôle du prêtre dans le cinéma


« Une conversion doit se faire par la foi et non par la force ! »

John M. Stahl est un cinéaste américain reconnu pour la beauté de ses mélodrames: Images de la vie (Imitation of Life 1934), Le Secret Magnifique (Magnificient Obssession 1935)… et le flamboyant Péché mortel (Leave Her To Heaven 1946). En 1944, il tourne Les Clés du royaume, un film produit par le cinéaste et producteur Joseph L. Mankiewicz pour la Twentieth Century Fox. 

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Le film s’inscrit dans un genre très en vogue à la Fox, la biographie religieuse comme La Route semée d’étoiles de Leo McCarey (1944) ou Le Chant de Bernadette de Henry King (1943). Adapté d’un roman éponyme écrit en 1941 par un écrivain de talent, très reconnu jusqu’à la fin des années soixante, AJ Cronin, le film nous conte l’histoire de l’abbé Francis Chisholm, un prêtre écossais aux idées peu conventionnelles né dans une Grande-Bretagne divisée entre confessions protestante et catholique, et qui va être envoyé en mission en Chine.

Sous le signe du mélodrame

Dans la première séquence, nous en sommes en présence de l’abbé Chisholm âgé, ne voulant pas quitter sa paroisse de naissance qu’il aime tant. Construit sous la forme d’une narration en flash-back, le film nous dépeint la vie de l’abbé de l’enfance à la vieillesse. Il débute sous le signe du mélodrame cher à J.M. Stahl. Le cinéaste expose les circonstances crues de l’enfance et de la jeunesse de Francis Chisholm. Issu d’une famille exemplaire, tolérante et aimante, son père est catholique et sa mère protestante. Un soir où la tempête fait rage, son père est brutalement agressé par des protestants. Il est secouru par sa femme. Tous deux épuisés par leur fuite disparaissent noyés dans la rivière tumultueuse. 

Le jeune garçon est adopté par la famille de ses cousines. Animé de la vocation religieuse et amoureux de sa cousine Nora, Chisholm semble incertain dans cette société figée, dure, intolérante. Son cœur balance entre son amour pour Dieu et celui pour sa douce cousine. Étudiant avec son ami, Angus, issu d’une famille aisée, il apprend  que Nora devenue fille-mère s’est suicidée…

Une Mission en ruine

Il entre au séminaire, devient vicaire de quelques paroisses où son comportement libre et ouvert aux idées des autres choque le dogmatisme d’un clergé catholique parfois guindé et attaché aux privilèges de classe. Il est envoyé en Chine afin de convertir les habitants d’une petite ville. Cette mission, il la mène en alliant la sagesse, une belle liberté d’esprit et la fermeté de ses convictions. À son arrivée, il découvre les bâtiments de sa Mission en ruine. Il s’y installe avec humilité et joie, la comparant à la crèche ayant accueilli la naissance du Christ. 

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Les habitants de la région se moquent de lui. Seul un jeune Chinois ayant pris comme prénom Joseph, lors de son baptême, devient son disciple. Francis Chisholm traverse une époque sombre sans jamais se départir de sa vitalité, de la force de sa compassion pour les hommes qui souffrent ainsi que de sa volonté de bâtir une belle paroisse. Épidémies, disettes, années de guerre opposant le Guomindang aux Seigneurs de la guerre se suivent. Vivant humblement, prêchant l’amour et la miséricorde du Christ, il gagne la confiance des habitants ainsi que celle des trois religieuses européennes qui ont été envoyées pour l’aider à fonder une école. Il construit l’église, le dispensaire et l’école de la Mission de ses propres mains avec l’aide de Joseph et le soutien financier d’un mandarin dont il a soigné le fils. Le Père Chisholm veut convertir les cœurs et les âmes par le seul rayonnement de la foi et la force du témoignage de son ministère.

Sous le signe de l’humilité

La grande humilité du personnage – interprété par un Gregory Peck convaincant –, sa force de caractère et d’homme juste font naître l’émotion dans plusieurs scènes comme celle de la mort de son ami Willie Tulloch (truculent Thomas Mitchell), un facétieux athée: au lieu de soutirer au mourant une conversion forcée, Chisholm le laisse s’éteindre paisiblement sans forcer ses convictions mais tout en recommandant avec ferveur son âme à Dieu. C’est aussi par l’amour divin et la patience qu’il vient à convaincre Sœur Maria-Veronica – issue d’une famille très aisée – de partager son désir de vivre selon les préceptes des Évangiles ou qu’il s’oppose avec malice aux idées et manières empruntes de supériorité de Angus devenu évêque.

Superbement mis en scène, servi par les cadres précis et rigoureux et la photographie d’un noir et blanc contrasté de Arthur C.Miller, la musique d’Alfred Newman et le talent des acteurs tous excellents, la vie courageuse et mouvementée de ce missionnaire dans une Chine livrée aux exactions, le parcours exemplaire de cet homme empli de la miséricorde font de cette œuvre singulière de J.M. Stahl, l’un de ses plus beaux films. 

CLES du Royaume (Les)

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Les Clés du royaume (The Keys of the Kingdom) – États-Unis – 1944 – 2h17 un film de John M. Stahl  (DVD Blu-RAY Hollywood premium)

Interprétation: Gregory Peck (Père Francis Chisholm), Thomas Mitchell (Dr. Willie Tullock), Vincent Price (Révérend Angus Mealey).



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est directeur de cinéma.

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