Le film d’Yvan Attal, « Les choses humaines », sort en salle aujourd’hui. Ce plaidoyer pour la reconnaissance de la vérité est un pari réussi.
Réfléchir au viol et à la notion de consentement est, par les temps qui courent, un sujet quelque peu glissant. Et y consacrer un film est pour le moins courageux, surtout lorsque celui-ci prend le parti de la nuance et de la complexité. Avec “Les choses humaines”, adapté du roman de Karine Tuil, Yvan Attal réussit cet exercice sur toute la ligne. En posant un regard juste et précis sur un jeune homme accusé de viol, il dissèque les rapports hommes-femmes, les liens familiaux, le jeu des différences socio-culturelles ainsi que la perception de la sexualité. Il rend hommage à la justice, au temps long de la recherche de la vérité, de l’enquête policière à l’instruction, et met en avant l’écoute, cette attention portée à la parole d’autrui qui semble avoir disparue de la vie quotidienne et qui est ici plus que jamais nécessaire. Qui dit vrai ? Oui, le garçon et la fille ont couché ensemble lors d’une soirée alcoolisée. Non, dit-il, il ne l’a pas violée. Si elle n’était pas consentante, pourquoi l’a-t-elle suivi ? Comment se défendre d’une faute que l’on ne conçoit pas, et surtout, peut-on en convaincre la justice ?
Le procès qui occupe la moitié du film est passionnant. Les différences de perceptions du réel qui y sont mises à plat dénoncent, par leur subtilité, la vague twitto-médiatique en béton armé qui a transformé, dans bon nombre d’esprits, l’accusation en condamnation. Juger est un métier et les affaires ne manquent pas pour nous prouver que cette déformation est redoutable.
La justesse du propos d’Yvan Attal ne pourrait nous parvenir sans la justesse de tous ses acteurs. Ils sont remarquables. Et faire jouer la mère et son fils par son épouse (Charlotte Gainsbourg) et leur propre fils (Ben Attal), ajoute une émotion palpable dans leurs échanges. Suzanne Jouannet, qui interprète la jeune accusatrice, est saisissante, et l’on est tout autant marqué par Mathieu Kassovitz, Pierre Arditi, Benjamin Lavernhe et Judith Chemla.
Le monde n’est pas parfait et nous ne vivons pas dans une société idéale. On peut toutefois tenter de rendre les gens plus intelligents, “Les choses humaines” y parvient.
En salles aujourd’hui.
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