Accueil Économie Les chaloupes à la mer!

Les chaloupes à la mer!


Les chaloupes à la mer!
Sophie de Menthon arbore un t-shirt "J'aime ma boîte". DR.

En quasi faillite, estimant qu’il faut prendre l’argent « là où il est », l’État demande encore aux entreprises de passer à la caisse. Mais, il ne demande jamais son avis aux entrepreneurs, lesquels pourraient pourtant être de bon conseil quant aux économies à réaliser d’urgence! Une tribune de Sophie de Menthon, dont le syndicat Ethic organise demain sa 22e fête des entreprises (« J’aime ma boîte), et de Loïk Le Floch-Prigent.


Il est désormais clair pour tout le pays que les seules entités qui tiennent debout dans la tempête, ce sont les entreprises – industrie, agriculture, services. On remarque par ailleurs les dysfonctionnements majeurs de la fonction publique, des services publics, etc… ce sont désormais les responsables des dérives financières qui nous expliquent la nécessité de redresser la barre : endettement, déficit commercial, déficit budgétaire… et on jette les chaloupes à la mer (nos entreprises !) pour sauver tout le monde, y compris ceux qui les coulent.

La chasse au profit

La préservation de ce qui marche encore, devrait donc logiquement être la priorité à la fois du gouvernement et des parlementaires. On a vu que l’affaiblissement de l’industrie à seulement 10% du PIB était le facteur explicatif essentiel de la crise, dans tous les discours ou les communications écrites officielles. « La France doit continuer à réindustrialiser, continuer à innover, continuer à créer des emplois et à inciter à la création d’emplois, c’est ça la priorité du pays » vient de déclarer le président Macron au Salon de l’automobile.

Eh bien non, puisque des entreprises fonctionnent encore, on va punir – pardon ! faire contribuer à l’effort national – celles qui restent debout et qui ont de beaux résultats, les autres aussi, sous d’autres formes. On va arriver à réduire leur compétitivité déjà médiocre sous prétexte d’égalité : ce qui génère des bénéfices doit être taxé au plus vite, en vertu du principe politiquement partagé qu’ « il faut prendre l’argent là où il est ».

M. Le Floch Prigent et Sophie de Menthon

Que ce soit l’attaque en règle contre les crédits d’impôt recherche et innovation, les nouvelles idées pour combattre notre industrie du plastique, notre application à étouffer notre industrie automobile, à renchérir le coût de l’énergie, à nous demander d’être le relais pour renflouer la Sécurité sociale, notre manque de volonté pour équilibrer nos secteurs du bâtiment et de l’agriculture : tout est fait pour affaiblir l’industrie et les entreprises au bénéfice d’un État qui ne veut pas se réformer et jette le profit en pâture à l’opinion publique. Les « riches » et les « nantis » d’abord, puis les retraités « aisés », en épargnant soi-disant les « classes moyennes » (?).

A lire aussi: L’énergie éolienne au pays du Roi Ubu

Pourtant il faut REFORMER d’abord. Il y a des choses à revoir structurellement pour couper dans les dépenses de l’État : les doublons du mille-feuille administratif, les doublons du millier d’agences « indépendantes », le CESE. Il faut vendre certaines participations inutiles (à condition de les affecter à un projet précis), cesser les subventions aux éoliennes dont notre pays n’a aucun besoin, et qui ravagent nos paysages terrestres et marins, alors que nous sommes parmi les leaders de l’électricité décarbonée – on va même augmenter cette électricité, la faute aux Allemands. Les Agences « indépendantes », inutiles pour la plupart, représentent 93 milliards ; les raccordements d’éoliennes, les transformations du réseau pour accueillir prioritairement leur électricité intermittente et aléatoire, c’est de l’ordre de 20 milliards par an sur dix ans… et ainsi de suite.

Tous dans le même bateau

Gouvernants : vous avez besoin des entreprises. Nous avons besoin d’une politique de liberté et non de contraintes et de sanctions. L’imagination des Français doit aussi être entendue ; ils ont rédigé des cahiers de doléances et des propositions d’économies, en particulier au sein de leurs entreprises qui ont encore la tête hors de l’eau malgré les grandes marées de bureaucraties qui se plaisent à les éroder. Quand va-t-on réfléchir sérieusement aux retraites par capitalisation, lesquelles peuvent fournir des fonds propres aux entreprises ? Les faillites s’accélèrent et les délocalisations aussi. On ne devrait plus jamais prendre une seule décision fiscale concernant les entreprises sans avoir réalisé, au préalable, une véritable simulation avec leur concours.

C’est en laissant prospérer nos entreprises et développer nos compétences que le pays va se redresser. Il ne faut pas prendre des mesures contre elles mais avec elles, elles y sont préparées et peuvent également être force de proposition quant aux économies qui peuvent être faites dans la fonction publique. Et les Français sont d’accord : ils n’ont confiance qu’en leurs entreprises. Le sondage effectué parmi les salariés par Opinionway pour la 22e fête des entreprises (J’aime ma boite) qui a lieu le jeudi 17 octobre le confirme ; ils déclarent avoir deux fois plus confiance dans leurs entreprises que dans leur gouvernement… À méditer. Fêtez donc vos entreprises avec une gravité inhabituelle, en ayant conscience qu’elles sont la véritable colonne vertébrale de la France.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Dois-je me plier à « une éthique du silence »?
Article suivant ACAB! All Cops Are Bastards!
Loik Le Floch-Prigent est président de la « commission Industrie » du mouvement ETHIC et Sophie de Menthon est présidente du mouvement ETHIC

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération