L’anatomie de la chute française mériterait plus d’une commission d’enquête. Le sectarisme institutionnalisé, qui exclut au lieu de débattre, explique bien des abrutissements. Le cirque politique aussi. Les citoyens attendent vainement des personnalités capables de stopper le grand dérèglement mental.
La France ? Un asile de fous. Les « élites » au pouvoir ont perdu la raison. Voyez Emmanuel Macron : il se fait photographier en boxeur musculeux ajustant ses coups, symboliquement prêt à frapper Vladimir Poutine. Mais l’armée française ne tiendrait pas une semaine face à la Russie. Les citoyens effarés se confrontent au vide quand ils font le décompte des personnalités capables de stopper le grand dérèglement mental. Le somnambulisme a atteint la politique. Les sujets sociétaux (IVG, fin de vie, viol, etc.) sont les refuges du gouvernement, pétrifié par les désastres du progressisme qu’il promeut. Le chef de l’État, enfermé dans son métavers, a réduit sa pensée à un antilepénisme obsessionnel. Jordan Bardella, porté par les sondages, s’en tient à un discours mécanique qui évite les improvisations. Quand un journaliste demande à Valérie Hayer, tête de liste Renaissance, si l’immigration pose un problème, elle répond : « Je… J’attends la position des acteurs économiques. » François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal, Éric Zemmour ou Nicolas Dupont-Aignan conceptualisent plus aisément les causes du délitement, mais ils agissent inutilement en ordre dispersé. Quant à l’extrême gauche, elle s’est perdue dans l’antisionisme dont se nourrissent les antisémites de l’islamo-gauchisme. Bref, la France est orpheline de ses « grands hommes ». Même l’Église radote sa préférence étrangère, sans réflexion sur ses ennemis importés. Seul le peuple a encore les idées claires. Faudra-t-il qu’il hurle pour se faire entendre ?
Abrutissement généralisé
L’effondrement de la politique montre sa platitude. La forme révélant le fond, le manque de tenue sont partout observables. Le relâchement autorise même le président à lancer des« Bonjour messieurs-dames ! » comme le quidam entrant dans un bistrot. L’affiche des Jeux olympiques, qui réduit le pays à un Disneyland dans lequel le dôme des Invalides a perdu sa croix, reflète la déculturation qui partout s’installe. Le cheap et le mauvais goût sont des normes avalisées par l’Élysée, au nom de la modernité simpliste et diversitaire. La police de la pensée a ainsi interdit de critiquer le choix présidentiel qui s’est porté sur la Franco-Malienne Aya Nakamura, symbole de la vulgarité américanisée et racoleuse, pour chanter lors de l’ouverture des Jeux. Pour l’antiracisme, une Noire est forcément supérieure. Le jeunisme, lui, est partout applaudi. Sous son influence, l’État « humaniste » s’interroge sur le moyen d’accélérer la mort des vieux, improductifs et coûteux. Au moment du vote de l’inscription de l’avortement dans la Constitution par le Congrès réuni à Versailles, le 4 mars, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait scintiller la tour Eiffel, signifiant aux yeux du monde la victoire du crétinisme lumineux. L’abrutissement est partout.
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L’anatomie de la chute française mériterait plus d’une commission d’enquête. Le sectarisme institutionnalisé, qui exclut au lieu de débattre, explique bien des abrutissements. Le chef de l’État recourt à l’anathème quand il nomme « munichois » les pacifistes qui contestent son instrumentalisation d’une« guerre existentielle ». Ceux qui dénoncèrent l’hystérie sanitaire autour du Covid restent« complotistes » et d’« extrême droite » pour les gardiens du récit officiel pourtant mis à mal. La décadence de Sciences Po Paris, école élitiste gagnée par la désignation des juifs au nom de l’antisionisme, s’inscrit dans l’effondrement de l’intelligentsia.
Ces constats justifieraient l’alerte générale. Au lieu de quoi, seule la trop libre chaîne CNews a dû rendre des comptes, en mars, à l’inquisition parlementaire. C’est devant le député LFI, Aurélien Saintoul, visage fermé et verbe méprisant, que les dirigeants et figures de la chaîne ont comparu pour s’expliquer sur leur impertinent succès. La France s’affaisse par pans entiers et les cartels de la drogue font la loi à Marseille comme à Rennes, mais c’est l’animateur de C8, Cyril Hanouna, qui a dû notamment répondre aux accusations de l’extrême gauche, prête à tous les prétextes pour faire taire les paroles dissonantes. Face à ce manichéisme teigneux, la personnalité transparente de Vincent Bolloré, patron du groupe de presse dont dépendent C8 et CNews, appelé lui aussi à comparaître, a fait comprendre par contraste ce qu’était la hauteur de vue et le détachement amusé d’un dirigeant porté par des convictions intimes. Faudrait-il un entrepreneur de cette envergure pour diriger la France ?
Fadas
Le sursaut est une urgence. Mais en ne le réclamant que pour l’Europe face à la Russie (le 14 mars), Emmanuel Macron confirme son indifférence à la déchéance française. Dans son adjuration à « ne pas être lâche », s’adressant à l’Allemagne, le chef de l’État ne veut pas prendre la mesure de ses propres reculs face aux offensives islamistes et wokistes, qui partout s’intensifient au cœur de la nation ouverte. Macron voit, à juste titre, des « fadas » chez ceux qui alimentent la rumeur extravagante, cautionnée par la journaliste américaine Candace Owens, d’une Brigitte Macron transsexuelle. Mais le président lui-même interroge sur son propre équilibre tant il se montre, y compris quand il se cabre tel un toréador en répétant « J’assume ! », aveuglé par sonnarcissisme et son désir de faire de sa vie un chef-d’œuvre.
Faut-il pour autant désespérer ? La France a déjà connu ces heures graves qui font douter du redressement du pays. Après la défaite de 1870, par exemple, le moral des élites était à plat. Mais Gustave Flaubert, dans une lettre à George Sand, écrivait néanmoins : « J’ai lu quelques lettres de soldats, qui sont des modèles. On n’avale pas un pays où l’on écrit des choses pareilles. La France est une rosse qui a du fond et qui se relèvera[1]. » Une même constatation peut se faire aujourd’hui, à entendre la France raisonnable du monde agricole et rural, cette France populaire et silencieuse qui a gardé son bon sens. Elle reste l’ultime source d’inspiration pour ceux qui sont prêts à prendre la relève.
[1] Michel Mohrt, Les Intellectuels devant la défaite :1870 (1943),Corrêa, 2004.