Accueil Brèves Les «mercenaires étrangers» étaient 100% libyens

Les «mercenaires étrangers» étaient 100% libyens


Depuis le début de la révolte en Libye les fameux mercenaires de Kadhafi, son « armée fantôme », hantent le discours médiatique sur les événements. Comme nous l’avons déjà signalé, les preuves étayant leur réalité sont maigres, pour parler pudiquement. La journaliste Abigail Hauslohner de l’hebdomadaire américain Time livre probablement les clés de ce mystère : il s’agit d’un malentendu devenu mythe grâce à un singulier manque d’esprit critique.

Abigail Hauslohner s’est rendue dans la ville côtière de Shahat – à mi-chemin entre Benghazi et Tobrouk – pour visiter une école transformée par les insurgés en « prison pour mercenaires ». Elle a pu y rencontrer les plus chanceux d’entre eux – deux cents sur plus de trois cents – les autres ayant été brulés vifs ou lynchés par la foule en rébellion.

Qui sont ces gens que tout le monde à Shahat qualifie de « mercenaires africains »? Les rebelles eux-mêmes ne le cachent pas : il s’agit essentiellement d’habitants d’une bourgade qui s’appelle Sabha située quelques centaines de kilomètres au sud de Tripoli. Il s’agit donc de Libyens et non pas d’étrangers. Mais il ne s’agit pas de n’importe quels Libyens, car les habitants de Sabha appartiennent à la tribu de Khadaffa…

Le tableau est plus clair maintenant : sous sa façade moderne, la Libye est demeurée une société traditionnelle voire archaïque. Dans sa détresse, Kadhafi a logiquement fait appel à sa tribu. Et les chefs de sa tribu l’ont envoyé en urgence de jeunes gens sans entrainement militaire qui se sont retrouvés rapidement au milieu d’un chaos.

Dans la débandade de l’armée libyenne ils étaient une proie facile et l’ont payé aux prix fort. Ont-ils été massacrés justement parce qu’ils appartenaient à la tribu de Kadhafi ? Difficile à dire. En tout cas cet élément renforce les doutes sur le récit médiatique de la crise libyenne et explique en même temps – au moins partiellement – la prudence des certaines capitales comme Washington et Berlin.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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