Un agriculteur de 35 ans ayant tué un cambrioleur qui s’était introduit chez lui dans la nuit du 24 mars en Charente, Eric Zemmour a rappelé qu’il proposait dans son programme la défense excusable telle qu’elle existe en Suisse, et une présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre. De son côté, Emmanuel Macron a étonné en s’affirmant «opposé à la légitime défense», pourtant un des fondements de notre droit.
« Je suis opposé à la légitime défense » a déclaré Emmanuel Macron le 31 mars. Depuis, certains de ses soutiens tentent de faire croire à une maladresse de langage, prétendant qu’il aurait voulu parler de « l’auto-défense », ou de la « présomption de légitime défense ». Hypocrisie manifeste.
La leçon charentaise d’Emmanuel Macron
Rappelons le contexte : le chef de l’Etat / candidat était interrogé par des journalistes sur le cas d’un agriculteur de Charente qui, en pleine nuit, seul à son domicile avec sa fillette de trois ans, a ouvert le feu sur quatre cambrioleurs qui s’étaient introduits chez lui, blessant mortellement l’un d’entre eux. Emmanuel Macron a dit alors : « J’ai toujours été clair, nous sommes un Etat de droit, il y a des règles. (…) Je suis opposé à la légitime défense. Donc ça, c’est très clair et c’est intraitable parce que sinon, ça devient le Far West. Et je ne veux pas d’un pays où prolifèrent les armes et où l’on considère que c’est aux citoyens de se défendre. »
On aimerait qu’un homme entouré en permanence de gardes du corps se donne la peine d’expliquer à un père de famille ce qu’il aurait dû faire pour protéger sa fille, sa maison et ses biens. On aimerait qu’un président sortant au bilan catastrophique en matière de sécurité se souvienne que le Far West, c’est ce qu’il a laissé s’installer pendant cinq ans : qu’on songe aux affrontements interethniques à Dijon, aux émeutes à Sevran, aux 1 800 agressions qui ont lieu chaque jour en France, dont plus de 120 attaques à l’arme blanche. On aimerait que le chef d’un Etat où gifler le prince est plus sévèrement puni que violer en bande une adolescente, fasse enfin preuve de décence. On aimerait, enfin, qu’un homme digne de ce nom s’inquiète de la sécurité de cet agriculteur et de sa famille face aux risques de représailles de la part des complices du cambrioleur mort.
Une politique pénale indigente
Mais d’Emmanuel Macron, rien de tout ceci. Ne feignons pas d’en être surpris : ce n’est pas un hasard si son garde des Sceaux actuel a été applaudi par les détenus et hué par les policiers. Ce n’est pas un hasard si sa garde des Sceaux précédente a profité de l’épidémie de Covid-19 pour relâcher dans la nature des milliers de détenus. Ce n’est pas un hasard si toute la politique pénale consiste à emprisonner le moins possible – et « en même temps » à vouloir interdire aux citoyens honnêtes de se défendre contre ceux que l’on refuse d’emprisonner. Ce n’est pas un hasard si le taux d’exécution des OQTF est désespérément bas, et que restent en France presque tous les délinquants étrangers qui devraient en être expulsés.
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Fait divers ? Non. Ni ce cambriolage, tant il y en a (seuls le confinement et la fermeture des frontières en ont temporairement diminué le nombre), ni cette déclaration d’Emmanuel Macron, qui ne doit pas être prise isolément. Bien sûr, il affirme que la puissance publique doit assurer la sécurité des personnes, mais on sait qu’il n’a rien fait pour y parvenir, tant la réponse pénale demeure indigente. Mais ce cri du cœur « je suis opposé à la légitime défense » est un écho à d’autres déclarations : il y a eu les « illettrés », « ceux qui ne sont rien » et n’ont « qu’à traverser la rue », « qu’ils viennent me chercher », « j’ai très envie de les emmerder donc on va continuer de le faire », « qu’ils aillent au pénal »… Permanent mépris des gens ordinaires, du « Français moyen », du peuple. Permanent mépris de ceux qui tiennent à la décence commune chère à Orwell, le président de la « disruption » leur préfère ceux qui s’épanouissent dans l’absence de règles, le chaos riche d’opportunités, « premiers de cordée » et « start’up nation ».
Les racailles et les seigneurs de la guerre économique ont en commun de se voir comme les super-prédateurs d’une jungle humaine où toute règle ne fait que les entraver. Ce sont des renards qui regardent le poulailler en expliquant qu’il est grand temps d’abolir ces barrières arbitraires qui font obstacle à la grande fraternité, d’abattre ces grillages qui entravent la liberté des animaux, et que les poules ne s’avisent pas de vouloir se défendre, nous sommes dans un Etat de droit, seul le fermier a la permission d’avoir un fusil, mais les renards ont bien pris soin d’expliquer que si le fermier tire sur les renards c’est un fermier fasciste nostalgique des heures les plus sombres, alors qu’il est urgent qu’il lutte contre la renardophobie nauséabonde de ces poules aux visions « rabougries » !
Une évidence
Ibn Khaldoun, surnommé « le père de la sociologie », a parfaitement expliqué ce phénomène il y a déjà six siècles, dans ses travaux sur la naissance et l’effondrement des empires. Je ne reprendrai pas ici ce que j’ai écrit par ailleurs sur le sujet, renvoyant le lecteur à un thread sur Twitter qui doit beaucoup aux remarquables ouvrages de Gabriel Martinez-Gros…. et à Astérix (et Louis de Funès). J’insiste seulement sur un point : nous sommes gouvernés par un banquier d’affaires devenu ministre des impôts et du versement des prébendes clientélistes, ce qui à la lumière des analyses d’Ibn Khaldoun prend un relief particulièrement sinistre.
C’est dans ce cadre qu’il faut analyser le laxisme pénal voulu par le gouvernement actuel, mais aussi par bien des majorités successives, et depuis trop longtemps, avec depuis un quart de siècle l’inflation des « droits de la défense » qui vise à ôter à la puissance publique la capacité de protéger les citoyens ordinaires. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la clémence dont bénéficient systématiquement les violences de l’extrême-gauche et des « minorités vagissantes », et la complaisance médiatique qui les entoure. Outre les innombrables affaires passées sous silence « pour ne pas stigmatiser », on pense par exemple à l’agression commise par un « antifasciste » – en fait un nervi du nouveau fascisme – sur un militant de « Reconquête » qui distribuait des tracts sur un marché. à rapprocher de la médaille remise par Élisabeth Moreno au rappeur Mokobé, que la ministre qualifie de « modèle pour les jeunes générations », alors que ses principaux titres de gloire sont le soutien à la polygamie, une grande proximité avec une organisation suprémaciste raciale arborant des pancartes « mort à la France », et la défense d’appels à la violence contre Éric Zemmour.
L’omerta qui a suivi la mort affreuse de Jérémy Cohen participe de la même logique : si souvent victimes de l’arbitraire au fil des siècles, nos concitoyens juifs sont profondément attachés à la décence commune, qui n’est pas un contrôle social étouffant, mais l’indispensable communauté de mœurs, l’art de vivre, fondement non-écrit mais indispensable de toute société civilisée. C’est cette décence commune qui donne au peuple la conscience qu’il y a « des choses qui ne font pas », et qu’il a le droit de s’opposer aux tyrans et aux pillards. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que le meurtre d’un Juif par des racailles soit caché par tous ceux qui veulent briser la capacité du peuple – théoriquement souverain – à résister à ces racailles et à leur résister : maîtres-censeurs ne tolérant pas que le peuple pense par lui-même au lieu de penser comme eux veulent qu’il pense, seigneurs de la guerre économique, fanatiques religieux, thuriféraires de la soumission du peuple français à une immigration massive, égocentriques adeptes de la tyrannie des « minorités », etc.
La question de la légitime défense est surtout une question de légitime décence. Que l’on puisse défendre sa famille et son domicile ne devrait même pas être un sujet de discussion politique, mais une évidence. Qu’un policier puisse, comme à Sevran, tirer sur un multirécidiviste qui lui fonce dessus au volant d’un véhicule volé devrait être une évidence.
Nul ne souhaite une société de l’auto-défense et des milices
Bien sûr, que ce ne devrait pas être nécessaire. Bien sûr, que nul ne souhaite une société de l’auto-défense et des milices. Mais une chose serait encore bien pire : un peuple moralement et juridiquement désarmé. Priver quelqu’un du droit de se défendre lorsque les institutions dont c’est le rôle ne le font pas (qu’elles soient défaillantes, ou que les circonstances le rendent impossibles, car on ne réduira jamais à zéro le délai d’intervention des forces de l’ordre), c’est lui inculquer que lui-même, ses proches, ou cet inconnu qui se fait tabasser par une horde de barbares simplement parce qu’ils veulent lui voler son téléphone ou parce qu’il porte une kippa, valent moins que leurs agresseurs. C’est un renversement complet des valeurs morales les plus évidentes.
La jurisprudence a établi pour la légitime défense des exigences de « proportionnalité » totalement irréalistes, et des experts débattent pendant des années, dans le confort de leurs bureaux et la sécurité d’un tribunal, de décisions que de braves gens n’avaient même pas une seconde pour prendre, dans des situations de danger et de stress extrême. Qu’il s’agisse d’un policier face à un délinquant menaçant, ou d’un citoyen ordinaire confronté à une soudaine violence. Sans oublier, hélas, l’idéologie du tristement célèbre juge Baudot, bien trop prégnante dans nos tribunaux….
Il n’est pas surprenant que le candidat ayant dans ce domaine les propositions les plus pertinentes, avec la défense excusable (qui existe déjà en Suisse, un pays qui n’a rien du Far West, un pays bien moins violent que la France d’Emmanuel Macron) et la présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre, soit Éric Zemmour.
Il est le candidat de la démocratie, parce qu’il a compris qu’il n’y a pas de démocratie sans dèmos. Il est le candidat de la souveraineté populaire, parce qu’il a compris qu’il n’y a pas de souveraineté populaire sans peuple capable de dire « on est chez nous » sur le territoire où il exerce sa souveraineté, et où il choisit souverainement qui accueillir, et qui ne pas accueillir. Il est le candidat qui veut que le peuple français relève la tête et que les racailles la baissent, alors qu’aujourd’hui c’est trop souvent l’inverse. Il est le candidat qui ne veut pas seulement rendre au peuple français sa dignité, mais le droit d’avoir conscience qu’il a droit à cette dignité, et la détermination à la reconquérir. Il est, dans toutes ses propositions, le candidat de la décence commune, et ses propositions ne choquent que ceux qui continuent à vouloir dicter au peuple ce qu’il doit penser, pour l’empêcher d’exiger que sa décence commune soit, sur son sol, la norme s’imposant à tous, et non l’avidité brutale des prédateurs, les derniers caprices du « progressisme », ou les injonctions intolérables d’un totalitarisme théocratique.
On se souvient de la photo d’Emmanuel Macron enlaçant un repris de justice pendant que celui-ci fait un doigt d’honneur au photographe et à la France. Dans ses déplacements, il arrive souvent à Éric Zemmour de prendre dans ses bras des victimes de la délinquance ou leurs familles, et son émotion est palpable. Il est celui vers qui le père de Jérémy Cohen a pu se tourner. Il veut la défense excusable et la présomption de légitime défense. Dans quelques jours nous serons dans l’isoloir, et nous ferons un choix.