Je me garderai bien de donner une consigne de vote nationale à tous les lecteurs de Causeur pour les élections législatives des 11 et 18 juin prochains. Ce serait totalement présomptueux, et chacun est à même de choisir – ou ne pas choisir – parmi les candidats qui briguent leurs suffrages dans les 577 circonscriptions de la Métropole, des DOM-TOM et de l’étranger. L’équation politique est relativement simple: donner, ou non, une majorité solide au nouveau président et à son gouvernement, en fonction de l’idée que l’on se fait de l’intérêt général et de l’avenir souhaitable pour notre pays.
En revanche, je n’ai aucun scrupule, bien au contraire, à signaler ici l’amitié, le respect ou l’estime que j’éprouve pour quelques candidats qui me font l’honneur de me compter parmi leurs amis, même si certains d’entre eux ne partagent pas les analyses politiques que je développe dans ces colonnes depuis maintenant plus de dix ans. Ce sont mes amis, c’est tout, et je souhaite de tout cœur que leur engagement dans la vie publique nationale reçoive des électeurs un accueil favorable. Je n’attends d’eux aucune faveur, aucun passe-droit, aucun privilège, et le seul bénéfice que j’espère de leur élection à l’Assemblée sera de les voir régulièrement assis dans l’hémicycle lors des traditionnelles questions au gouvernement du mercredi après-midi. Et celui d’être fier d’eux lorsqu’il révéleront au grand public les qualités que j’ai été à même d’apprécier depuis que nous nous sommes connus.
André Kaspi, le doyen flamboyant
Le premier d’entre eux, au bénéfice de l’âge, est André Kaspi, 80 ans aux vendanges, investi comme candidat des Républicains à Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val de Marne. Il brigue la succession du député sortant, Sylvain Berrios (LR), maire de cette ville, touché par le cumul des mandats. Une candidature atypique, on en conviendra, dans l’ouragan de jeunisme qui est la marque de la nouvelle ère politique ouverte par accession à l’Elysée d’un gamin surdoué ! André Kaspi est entré en politique après une longue et brillante carrière universitaire comme professeur d’histoire américaine à la Sorbonne et à Sciences po, en devenant, en 2008, adjoint au maire chargé de l’action culturelle de Saint-Maur-des-Fossés. Son expertise de l’histoire et de la vie politique des Etats-Unis n’est pas restée limitée aux cénacles universitaires: il est intervenu régulièrement dans les médias nationaux pour en expliquer avec clarté et précision les arcanes et les enjeux, sans tomber dans les modes et les engouements passionnés de nombre de ses collègues. Cet esprit libéral, plutôt favorable au parti Démocrate, ne s’est pas laissé aller à la délirante « Obamania », des Durpaire, Bacharan et consorts, et s’est efforcé de présenter un bilan réfléchi et contrasté des succès et des échecs du premier président noir des Etats-Unis. Résultat: on l’a moins invité à France Inter et France Culture, mais qu’importe. S’il ne se sentait aucune affinité pour Donald Trump, et qu’il penchait plutôt pour Hillary Clinton lors de l’élection de novembre 2016, il ne s’est pas laissé aller non plus à l’hystérie anti-Trump qui s’est alors déchaînée en France.
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Dans une classe politique française dont l’ignorance des problématiques internationales est abyssale, son érudition et sa connaissance approfondie de l’histoire et de la sociologie de la première puissance mondiale serait la bienvenue. Doté d’une ironie mordante, il pourrait avec élégance remettre à leur place ceux de ses collègues qui se laisseraient aller à l’exercice favori des démagogues, de droite comme de gauche, l’anti-américanisme de comptoir. Et pourquoi ne pas le dire: André Kaspi ferait un magnifique doyen de l’Assemblée nationale, celui qui ouvre par un grand discours la première session du parlement nouvellement élu. On en a eu de toutes sortes, des gâteux, des falots et des excentriques. On se souvient du patriarche stalinien Marcel Cachin, du bouillant chanoine Kir pérorant en soutane, de l’imprévisible Marcel Dassault… Un discours d’André Kaspi ouvrirait avec brio et panache un quinquennat parlementaire qui s’annonce passionnant. Electeurs de Saint-Maur-des-Fossés, Champigny, Bonneuil, votez pour lui!
Ilana Cicurel, la République en héritage
Ma seconde recommandation concerne Ilana Cicurel, 45 ans, candidate de La République en marche (LREM) à Paris, dans la 4ème circonscription (16ème arrondissement nord et 17ème arrondissement ouest). Elle brigue la succession de Bernard Debré (LR), qui a mis fin à sa longue carrière politique. Dans cette circonscription fortement ancrée à droite, elle sera opposée à Brigitte Kuster, maire (LR) du 17ème arrondissement depuis des lustres… Même si, au second tour, Emmanuel Macron a obtenu près de 90% des suffrages dans cette circonscription, la tâche de sa représentante locale Ilana Cicurel s’annonce rude, mais on ne sait jamais… Ilana Cicurel est issue d’une célèbre famille originaire du Caire, fondatrice, au début du siècle dernier des « Grands magasins Cicurel », les Galeries Lafayette de la capitale égyptienne, qui furent nationalisées par Nasser en 1956, entrainant l’exil de toute la famille vers la France… Ilana est la nièce de Lily Cicurel (1911-1967), la première épouse de Pierre Mendès France, et la sœur de Michel Cicurel, ancien inspecteur des Finances, économiste réputé reconverti dans la haute banque… Chez les Cicurel, dans toutes les générations, la réussite sociale et financière oblige : en Egypte, puis en France, l’engagement de ses membres dans des actions caritatives et éducatives au profit des défavorisés a toujours été la règle.
Ilana n’y déroge pas : professeur de droit public, avocate, journaliste, cinéaste, cette femme aux multiples talents est devenue, en 2015, la directrice générale de l’Alliance israélite universelle, la plus ancienne institution sociale et culturelle du judaïsme français, fondée au XIXème siècle par les notables juifs de France, dont le plus connu est Adolphe Crémieux, ministre de la IIème République et auteur du décret d’intégration des Juifs d’Algérie dans la nationalité française. Grâce au réseau d’écoles de l’Alliance, la culture française a rayonné, et rayonne encore, hier dans l’Orient arabe et ottoman, aujourd’hui en Israël et au Canada. Ilana a, de plus, animé pendant des années, sur la radio juive de Paris, l’émission « Qui vive », avec Alain Finkielkraut, dont « L’esprit de l’escalier », notre drogue dominicale à tous est aujourd’hui la digne héritière. On peut être sûr, qu’une fois élue députée, Ilan Cicurel veillera à l’exigence en matière d’éducation, de laïcité et de défense planétaire de la francophonie : c’est inscrit dans ses gènes ! Gens de Chaillot, des Ternes, de la plaine Monceau, donnez-lui sa chance ! Elle le mérite.
Philippe Karsenty, au nom de la vérité
Franchissons maintenant le périphérique, tout près de là, à Neuilly-Courbevoie théâtre d’une mêlée confuse à droite dont cette circonscription a le secret. Comme le danger de gauche y est inexistant, et le FN marginal, le bal des ambitions LR et assimilés bat son plein. Le député sortant Jean-Christophe Fromantin (UDI), préfère son fauteuil de maire à son siège au Palais Bourbon. La direction nationale des Républicains investit une députée européenne. Jean-Christophe Fromantin soutient l’une de ses adjointes, mais un autre adjoint Philippe Karsenty (divers droite) se lance dans la bataille… C’est lui que j’aimerais, gens de Neuilly et alentours, recommander à vos suffrages. Cet homme a du courage, de la persévérance. Grâce à lui, et a son long combat judiciaire et médiatique, il a établi que le plus grand « fake news » des deux dernières décennies, diffusé par France 2 et son correspondant en Israël Charles Enderlin était une mise en scène délibérée… Grâce à lui, et aux termes du jugement de dernière instance, je peux aujourd’hui affirmer, sans risque de poursuites, que Charles Enderlin n’est pas un serviteur de l’information, même s’il a pu échapper à l’indignité publique par un artifice juridique, et la complicité corporatiste de l’éditocratie française.
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