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Lectures socialistes


Lectures socialistes

Bon, je vous fais un petit rappel si vous avez manqué un épisode : les méchants détestent la culture, détestent la Princesse de Clèves, et ne jurent que par les matraques pleines de morgue des CRS ; tandis que les gentils aiment la culture et l’humanisme citoyen ! C’est très simple. Au Parti socialiste – par exemple – on est très gentils, c’est pourquoi on fait longuement étalage de sa passion pour la culture. Ainsi, la question culturelle semble être au centre de l’Université d’été du Parti socialiste qui va se tenir à la Rochelle du 27 au 29 août… et entre des conférences aussi prometteuses que « Yes we can : comment mobiliser notre électorat », « Faire société » ou encore « Carte blanche au MJS avec Danièle Mitterrand » (non, ce n’est pas une blague), les militants pourront voir la pièce de théâtre Il marchait vers la terre promise, dont la thématique citoyenne fait chaud au cœur : « Un samedi soir, à la fête foraine, Désiré, un jeune noir de 22 ans, sourd-muet tente d’échapper à un contrôle de police. Il est sans-papiers. » Et même pas homo, Désiré ? Petit bras ! On imagine aisément la suite tragique : les méchants, c’est la police et les gentils font du théâtre subventionné.

Henri Weber se cite lui-même dans ses lectures préférées !

Plus piquant, les militants socialistes pourront retrouver dans une librairie de la Rochelle les livres préférés des cadres du PS, présentés sur le site web du parti. Car oui, les gentils lisent des livres, tandis que les méchants font du jogging et caressent des Rolex sur les ponts en acajou des yachts de milliardaires. Sans surprise, on voit que les dirigeants socialistes lisent Karl Marx, Albert Camus et se lisent parfois eux-mêmes. (Henri Weber citant parmi ses livres préférés l’un de ceux qu’il a signés, et Jean-Christophe Cambadélis un ouvrage d’Hubert Védrine). Certains font de la provocation, tel Medhi Ouraoui, secrétaire national adjoint à la coordination, qui n’a certainement pas été suffisamment coordonné en amont et cite Malraux, Mauriac et De Gaulle parmi ses lectures préférées.
Hormis cette dissidence, la plupart des choix ne surprennent pas : on retrouve beaucoup d’auteurs de la galaxie socialiste (Erik Orsenna, par exemple, est cité plusieurs fois), et beaucoup de littérature étrangère. On s’étonne – et s’attriste – par contre de ne retrouver dans les bagages des cadres socialistes que très peu de classiques. Certes Cervantès, Stefan Zweig, Gabriel Garcia Marquez ou René Char surnagent, parmi quelques autres. Mais le dirigeant socialiste, pour montrer qu’il est gentil et aime la culture, prend bien garde de ne pas trop citer les grands classiques de la littéraire française… de François Villon à Balzac, en passant par Hugo ou Flaubert. Même punition pour Ronsard et Aragon, et idem pour Péguy.

Rendez-vous à La Rochelle dans dix ans… leurs successeurs citeront certainement Marc Levy, Katherine Pancol et Guillaume Musso.



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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