Canada. Les garder ou les exclure selon leur «inclusivité»? le grand-remplacement des livres a commencé…
Si l’éducation nécessite que, selon la célèbre affiche pour Gallimard avec Gérard Philipe, l’on « dévore » des livres, certains enfants dans la province d’Ontario au Canada sont restés sur leur faim à la rentrée : des rayons entiers de la bibliothèque de leur école étaient vides. Selon Reina Takata, étudiante en seconde dans un établissement près de Toronto, plus de la moitié des ouvrages avait disparu. Dans d’autres écoles du district scolaire de Peel, c’était la même histoire. Parmi les volumes désormais introuvables, on citera des romans de la série Harry Potter, le best-seller de science-fiction Hunger Games et Le Journal d’Anne Frank. Les livres en question ont en commun d’avoir été publiés avant 2008.
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Comment en est-on arrivé là ? Tout a commencé par une directive du ministère d’Éducation de la province enjoignant au district scolaire de Peel de conduire un audit de la diversité dans ses écoles. En réponse, le district a envoyé à ses établissements des documents concernant le processus de tri des livres dans les bibliothèques scolaires, processus tout à fait normal, appelé weeding (« désherbage ») en anglais, par lequel on enlève les livres endommagés ou très peu consultés. Or, les bibliothécaires ont reçu l’instruction d’évaluer les titres à garder ou à exclure selon leur « inclusivité » et leur potentiel pour promouvoir l’antiracisme. À cette fin, ils devaient se focaliser sur des volumes publiés il y a quinze ans ou plus. Dans certaines écoles, cette recommandation a été interprétée comme une injonction à enlever des milliers de livres uniquement en raison de leur date de publication – d’où l’hécatombe livresque. Cette opération pour favoriser l’« équité » s’est, ô surprise, avérée contre-productive.
Sur CBS News, Reina Takata, elle-même d’ascendance japonaise, s’est inquiétée de l’effacement de l’histoire des Canadiens de même ascendance qu’elle à cause de l’élimination des auteurs ayant écrit sur l’internement par les autorités canadiennes de ses citoyens d’origine japonaise entre 1939 et 1945. Une fois qu’on a lancé la machine à épurer culturelle, il est difficile de l’arrêter.