Le wokisme me semble relever d’une très longue tradition des campus, l’onanisme universitaire. Ce monde dans lequel on se donne parfois un mal fou pour avoir l’air de penser, où l’on vit dans l’angoisse perpétuelle d’être pris en flagrant délit d’indigence conceptuelle, de vacuité doctrinale.
Cela donne fort souvent des théories très alambiquées et des ouvrages prétentieusement illisibles. Artificiellement hermétiques, si vous préférez. Cependant, il serait injuste de ne pas reconnaître à un grand nombre de ces publications une vertu somnifère de première efficacité. Hélas, elles ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. De loin en loin, parmi ces productions qui affluent de préférence en des temps de basses eaux intellectuelles, il s’en trouve qui condescendent à se faire quasiment lisibles. J’allais dire « populistement » lisibles. Le wokisme tend à cela, en effet. Par exemple, à l’opposé de celle vue, explorée, analysée, distillée par un Jacques Derrida (qui, disons-le tout net, mériterait le Nobel avec palme dans la catégorie somnifères et purges) la déconstruction induite par le wokisme serait presque aussi facile d’accès qu’un tome des aventures de la pétulante Martine. En gros, il s’agit de déconstruire, donc de détruire tout ce qui a à voir de près ou de loin avec le très fameux privilège blanc, privilège dont l’incarnation la plus odieuse, la plus abjecte serait le mâle – blanc, cela va de soi – de préférence effroyablement hétérosexuel. Tout ce qui vient de lui serait à proscrire et à livrer aux flammes des bûchers de la nouvelle inquisition : le savoir, la science, les arts, la culture, l’histoire, l’éducation, les bonnes manières, que sais-je encore ?
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Toutes fariboles qui n’auraient d’autres finalités que de perpétuer la répugnante domination de ce gros con de mâle blanc sur les minorités, toutes les minorités, raciales, ethniques, sexuelles, genrées, dégenrées, regenrées, multi-genrées (C’est que je ne voudrais oublier personne, comprenez-vous.) En un mot comme en cent, le monde est d’une simplicité époustouflante. « T’es blanc, t’es coupable. T’es tout et n’importe quoi sauf blanc, t’es victime. » Voilà l’essentiel du dogme. Simplifié, certes. Mais si peu… Puisqu’il y a effectivement dogme, on serait tenté d’envisager que le wokisme pourrait être une religion. Il y a de cela en effet dans la stratégie de propagande de ses tenants, de ses gourous, et dans la construction rhétorique de leurs prêches. Mais bien que leur dogmatique en ait effectivement les apparences, elle ne saurait être authentiquement une religion en cela qu’elle fait l’impasse sur ce qui fonde la vitalité, la nécessité, l’intemporalité, la richesse et jusqu’à la gloire de toute religion : le Salut. Toutes, à l’évidence, sont porteuses de cette issue de lumière. Au bout du bout, au terme du chemin, au sortir de la vallée de larmes que serait le passage sur terre, le Salut. Oui, la possibilité du Salut est le sel même du religieux. Le Jansénisme en son temps est mort de s’être voulu parcimonieux à l’excès sur ce plan-là. Porteur impitoyable d’une espérance seulement réservée à quelques hommes, il acculait les autres à l’abandon, au désespoir.
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Le wokisme, confiné dans la ratiocination obsessionnelle du ressentiment, confit en hystérie haineuse, s’avère tragiquement incapable d’annoncer ne serait-ce que la bonne vieille lubie des lendemains qui chantent. La messe communiste avait au moins cela. Parce qu’il ne propose aucune issue – autre que le chaos déconstructeur – il n’en a lui même aucune. J’en suis convaincu. Certes il servira encore d’alibi à des partouzes onanistiques qualifiées de colloques, certes il fera encore les belles heures de dîners en ville dans les bonnes maisons des bons quartiers, mais il est radicalement trop pauvre d’espérance vraie, trop gangrené de vérités fabriquées, et, au fond, bien trop ennemi de l’humain pour entrer durablement dans l’esprit et le cœur des gens. Je veux dire, dans l’esprit, le cœur et l’âme de nous autres, les gens de la vraie vie. Alors, j’en prends le pari : le wokisme ne passera pas ! Il faudra juste avoir la volonté, le courage intellectuel et politique de réparer les dégâts qu’il aura laissés derrière lui.
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