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Le verdict de Viry-Châtillon réveille la colère des policiers

Toujours plus de laxisme judiciaire?


Le verdict de Viry-Châtillon réveille la colère des policiers
A l'appel de syndicats, des policiers se sont réunis sur l'Ile de la Cité mardi 20 avril © Gabrielle CEZARD/SIPA Numéro de reportage : 01015245_000002

«Je sais que vous avez de l’empathie et je considère que vous êtes une richesse pour le pays.» Au verdict du procès de l’attaque de Viry-Châtillon, cette déclaration rapportée de l’avocat général témoigne de l’idéologie compassionnelle et immigrationniste de notre justice. Pour le garde des Sceaux, la phrase a été «dénaturée». Analyse.


Le 8 octobre 2016, une vingtaine de personnes avaient pris d’assaut deux voitures de police de la BAC dans le quartier de la Grande Borne à Viry-Châtillon, et blessé quatre policiers. Ce jour-là, les jeunes étaient allés jusqu’à briser les vitres des véhicules de police, pour jeter des cocktails molotov. Deux policiers avaient pris feu, l’un d’eux avait dû être plongé dans le coma pendant plusieurs semaines.

Des peines moins sévères en appel

Les accusés encouraient la réclusion criminelle à perpétuité pour tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Dans la nuit du samedi 17 avril 2021, quatre ans après les faits, la cour d’assises des mineurs de Paris a condamné cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion, et a acquitté les huit autres accusés. L’acquittement a été justifié par le manque de preuves pour condamner certains prévenus. Ce verdict est moins sévère que celui prononcé en première instance, ce qui scandalise de nombreux policiers.

« Nous venons d’assister à un naufrage judiciaire. (…) Alors que l’on sait qu’il y avait seize assaillants, on se retrouve avec cinq condamnations », a dénoncé Thibault de Montbrial, avocat de l’une des victimes, « effondrée », selon lui, par ce verdict en appel. « C’est un naufrage car au moment du verdict, le naturel a repris le dessus, une bagarre générale a éclaté, des accusés se sont pris à partie », a-t-il ajouté, expliquant n’avoir « jamais vu ça en vingt-cinq ans de cour d’assises ».

Une richesse pour le pays

Avant de finir par cette bataille rangée, l’enquête et le procès avaient été marqués par les pressions, les intimidations de témoins, et des invectives aux magistrats et aux avocats. Ce qui fait dire à Elisabeth Lévy, directrice de Causeur, amenée à commenter le verdict au micro de Sud Radio, qu’une partie des accusés se sont comportés comme ce qu’ils sont : des racailles. 

Mais cela n’a pas marqué l’avocat général qui, non seulement a requis des peines plus légères qu’en première instance, mais aurait conclu son réquisitoire par cette déclaration aux accusés absolument sidérante : « Je sais que vous avez de l’empathie et je considère que vous êtes une richesse pour le pays. » Pour Eric Dupond-Moretti, cette phrase, prononcée à huit clos aurait été « extraite » d’un « réquisitoire de sept heures » et « dénaturée ». Une richesse pour le pays ! Voilà ce que le représentant de la société – notre représentant donc – déclarerait à des voyous dont la plupart sont inconscients de la gravité de leurs crimes et ne sont obsédés que par une chose : punir ceux qui ont vaguement parlé.

Cette déclaration est un concentré d’idéologie compassionnelle et immigrationniste, parce qu’il y a clairement aussi un biais racial. Tous les accusés sont des enfants ou petits-enfants d’immigrés subsahariens ou maghrébins. Parions que s’il y avait eu dans le box des identitaires, le procureur leur aurait dit au contraire : « Vous êtes la honte du pays ». « Vous êtes une richesse pour le pays », c’est en fait la déclinaison du célèbre « l’immigration est une chance pour la France » qui, dans des circonstances moins dramatiques fait rigoler tout le monde, y compris les immigrés. Tout cela ne plait pas vraiment au Parquet général ni à la Chancellerie, mais ils ne peuvent rien y faire. 

On nous rebat les oreilles des problèmes de confiance entre la police et les jeunes des quartiers. Ce procès, en tout cas, ne risque pas de rétablir la confiance de tous les Français dans leur justice, confiance déjà dramatiquement faible. Quant aux policiers, peut-être que comme le dit Thibault de Montbrial, « certains riposteront sur le terrain », ce qu’on appelle jouer les cow-boys. Mais le plus probable est que beaucoup refuseront désormais de prendre le moindre risque pour défendre une société qui les laisse tomber de cette façon. Comment les en blâmer ?

Les syndicats policiers remontés

Le syndicat Unité SGP-Police-FO, partie civile, a réagi par un communiqué : selon lui, ce verdict « est incompréhensible et laisse les victimes et de nombreux policiers très amers et en colère ». Grégory Joron, son secrétaire général a déclaré à l’AFP : « Il y a de la colère, beaucoup de déception. Avec les mêmes preuves, on se retrouve avec moins de coupables et des peines moins lourdes qu’en première instance ». Mardi, à la mi-journée, les policiers les plus remontés se sont rassemblés devant le Palais de justice sur l’île de la Cité. Le syndicat de police Alliance y a dénoncé « impunité », « laxisme » et « complaisance » de la justice envers les malfaiteurs. 

Pour tenter de calmer ses troupes, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin recevra samedi les policiers blessés pour « leur apporter le soutien du gouvernement ». 

Il n’est pas du tout certain que cela suffise à apaiser les esprits. Les statistiques révèlent que nos policiers sont de plus en plus souvent pris à partie.

En outre, la profession a donc le sentiment que la justice sabote son travail ou ne suit pas, et que les médias relaient complaisamment des thèses de la gauche radicale sur de prétendus contrôles au faciès, ou un “racisme systémique” propre à l’institution. Quand ils n’évoquent pas inlassablement le concept fumeux des “violences policières”…




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