Le Trouvère de Verdi du 24 janvier au 17 février, à l’Opéra Bastille.
En 1936, dans « Une nuit à l’opéra », perle du septième art, les Marx Brothers se payent la tête de Verdi : il est vrai que par son invraisemblance déchaînée et la déroutante complication de son livret, Il Trovatore se prêtait de façon idéale à ce sabordage hilarant.
Salvatore Cammarano a déjà écrit pour Verdi, quelques années plus tôt, le livret de Luisa Miller, génial opéra tiré du drame de Schiller Kabale und Liebe (Amour et Intrigue), dans la veine intimiste de Verdi deuxième manière. Le compositeur rumine alors l’espoir d’adapter Le Roi Lear, projet qui n’aboutira jamais. À son librettiste, il va même jusqu’à mander un scénario. Verdi passe à autre chose, écrit rapidement Stiffelio, œuvre mineure. Nous sommes en 1850. L’année suivante, il achève de composer La Maledizione, d’après Le Roi s’amuse, de Victor Hugo, sur un livret de Francesco Maria Piave. Créé en 1851, l’opéra prend le titre de Rigoletto. Donné dans toute l’Italie, puis dans l’Europe entière, Rigoletto rend Verdi riche et célèbre. Tout en pensant déjà à mettre en musique La Dame aux camélias (qui deviendra La Traviata, comme l’on sait), opéra sur lequel il travaillera concurremment, il confie à Cammarano la tâche de plancher sur le matériau d’El Trovador, grand succès de la scène madrilène en 1836, et œuvre majeure du diplomate, dramaturge et homme de lettres espagnol Antonio Garcia Gutiérrez (1813-1884), de l’œuvre duquel Verdi tirera encore un opéra majeur, en 1857 : Simon Boccanegra.

En attendant, le formalisme
