L’anticolonialisme et la propagande anti-française ont envahi les quartiers sensibles et l’université, pendant que les médias prônaient l’autoflagellation culturelle.
À l’heure où chacun s’interroge sur les causes du soulèvement qui vient de traverser nos banlieues « sensibles », il n’est pas inutile de rappeler ce qui se disait déjà au moment de la sanglante équipée de Mohammed Merah qui fit sept victimes dont trois enfants. Quand il est mort, une grande partie des médias s’est efforcée de gommer les motivations politico-religieuses de son acte, par lui-même exprimées, pour y substituer une pure causalité sociale. L’accent fut mis sur le sort tragique des jeunes issus de l’immigration, sur leur aliénation, sur leur manque de perspectives dans une société barrée par l’horizon grisâtre du chômage. Elle se doublait d’une politique de culpabilisation en direction des citoyens français.
Toujours la faute de la France
La palme revint au New York Herald Tribune qui écrivit ceci : « Ce n’est pas Al Qaïda qui a créé Mohammed Merah, c’est la France. » Manière de dire : la responsable, c’est la société française et ses injustices. Le journal américain reprenait d’ailleurs la phrase d’un des camarades de classe du terroriste. Bref, nous plongeâmes, tête la première, dans la culture de l’excuse et l’autoflagellation. Alors que les influences islamistes qui s’étaient exercées sur Merah étaient minimisées.
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Pendant la décennie écoulée, il fut difficile de parler des banlieues et de l’immigration autrement. Dans les grands médias et à l’Université, on n’entendait pratiquement que ce son de cloche : les banlieues étaient un problème social, qu’il fallait traiter socialement. En vain, le chroniqueur Ivan Rioufol sonna-t-il un jour le tocsin en ces termes vigoureux : « … le feu de l’islamisme couve dans les cités. Pour certains, Merah est devenu un héros. Des pages Facebook dédiées à sa mémoire ont dû être fermées. Des professeurs n’ont pu faire respecter à leurs élèves la minute de silence en mémoire des victimes. Des enseignants reconnaissent dans leur classe l’ancrage des sentiments anti-juifs. »
On peut dès lors avancer qu’il y a deux analyses possibles de la question des banlieues éruptives. Selon l’une, elle résulterait du manque de perspectives pour leurs habitants qui jetterait les jeunes dans la désespérance. Dès lors, la régulation de l’immigration qui fait grandir inlassablement ces zones, jusqu’à les rendre explosives, est un faux problème. Selon l’autre analyse, tout résulterait de la vague islamiste venue du Proche-Orient jusqu’à nos rivages européens. Bien sûr, chacun comprendra qu’opposer ces deux types de causalité est artificiel. Les deux analyses que nous venons d’évoquer n’ont rien de contradictoire. Entasser des immigrés par millions dans de ternes cités où le travail et l’opportunité de progresser sont clairsemés ne peut rien donner de bon. Que sur ce terreau se diffusent des influences politico-religieuses très dangereuses est une évidence qui crève les yeux. Ces influences se répandent là parce que l’ambiance politico-religieuse importée les favorise. Dans leur majorité, les grands médias français se sont refusés à admettre cette évidence aveuglante.
Des quartiers… sensibles
Point n’est besoin cependant d’être un grand sociologue pour comprendre que la porosité de nos banlieues à l’islamisme vient de ce qu’elles y sont justement « sensibles ». Certes tous les musulmans des banlieues ne sont pas des islamistes. C’est fort heureux et remercions en la Providence. Mais rien ne garantit qu’il en sera toujours ainsi. En fait, les banlieues sont des bombes à retardement. Ce que les événements des jours derniers viennent de nous rappeler de façon tonitruante.
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Chômage, plus assistanat, plus islamisme, voilà en effet une combinaison détonante. Reste à éviter qu’elle n’explose. Pour cela, rien n’est plus important que d’empêcher les médias audiovisuels de provoquer la mise à feu.
Car j’ignore à quelle stratégie répond le déversement sur les ondes françaises, depuis 20 ans, d’une propagande calquée sur celle du FLN algérien, mais c’est un fait, nous y avons eu droit et massivement. Depuis deux décennies, et avec une intensité redoublée par le soixantième anniversaire de l’Indépendance, les grands médias nous ont servi à propos de l’Algérie et de la Guerre d’Algérie, un flot torrentiel de rhétorique systématiquement anticoloniale. Au point qu’elle pourrait passer telle quelle à Radio-Alger : dénigrement inlassable de la colonisation, dénigrement de l’Armée française durant le conflit, édulcoration des crimes de la rébellion et « oubli » des souffrances de diverses catégories des populations algériennes de l’époque. C’est là une pure folie.
À l’occasion du soixantième anniversaire, ce fut un déferlement de productions biaisées, de débats truqués et de propagande anti-française. Certains journalistes et « historiens » nous servent cette soupe « agrémentée » de quelques ingrédients plus ou moins subtils, mais c’est bien de la soupe FLN qu’il s’agit : éloge déguisé du terrorisme, éloge de certains terroristes, accusations démesurées contre la colonisation et l’œuvre françaises en Algérie, accusations démesurées contre notre armée. Simultanément, l’idéologie dite woke submerge nos universités avec son volet « décolonial ». Ceci ne peut se faire qu’avec l’appui ou la « neutralité » active de hautes autorités. Ceux qui agissent ainsi prennent une lourde responsabilité. En inondant les banlieues d’une propagande anti-française, et l’Université de son pendant anticolonial, on prend le risque de créer des terroristes par centaines.
Le temps des loups solitaires à la Merah a pris fin. Bientôt, ils chasseront en meute. N’est-ce pas ce que les sinistres journées que nous venons de vivre démontrent ? Poursuivrons-nous dans les mêmes ornières ?
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