On ne peut pas dire que la gauche au pouvoir, modèle Hollande- Vallaud-Belkacem, ait ménagé ses efforts pour lutter contre les préjugés sexistes qui perdurent dans notre société. Dans quelques semaines, toutes les communes de plus de mille habitants seront pourvues de conseils municipaux strictement paritaires. Il en sera de même, dans quelques mois, pour les départements, avec l’astucieuse invention de cantons élisant des « binômes », un homme, une femme pour siéger dans les conseils généraux.
L’école se voit assigner comme tâche prioritaire de compenser la reproduction des stéréotypes masculins et féminins par des familles rétives à inciter leurs petits garçons à jouer à la poupée, et leurs petites filles à faire vroum-vroum avec le dernier modèle réduit de Porsche Cayenne.
On devrait pouvoir constater, dans quelques décennies, les bienfaits de ce combat historique contre le déterminisme biologique auquel notre espèce s’est trop longtemps soumis, sous l’influence de religions inventées par des mâles.
Il reste pourtant un domaine qui résiste farouchement à participer à ce grand mouvement émancipateur du XXIème siècle, le sport, dans lequel une partie importante de nos concitoyens investissent des affects intenses, comme pratiquant(e)s ou spectateurs(trices).
On tente bien, du côté de chez Valérie Fourneyron, ministre socialiste de l’effort physique, de se mettre au goût du jour en imposant la présence de femmes dans les bureaucraties des fédérations sportives (ce dont les habitués des tribunes du Parc des Princes se fichent totalement), ou d’exhorter les fans de football à se passionner autant pour les exploits des « Bleues » que pour ceux de la bande de voyous qui porteront nos couleurs au Brésil. Cause toujours, tu m’intéresses…
À l’exception de quelques sports comme le tennis, l’athlétisme ou le ski, dans lesquels les athlètes de sexe féminin (à l’exception de quelques tricheurs devenus tricheuses) jouissent d’un notoriété presqu’égale à celle de leurs homologues masculins, le reste du monde sportif réserve la gloire et la fortune aux champions mâles.
Cela doit cesser, et il n’est pas de tâche plus urgente que de « dégenriser », si l’on ose écrire, la pratique des sports les plus populaires, football, rugby, cyclisme. L’exemple de l’école, où la mixité à tous les niveaux s’est imposée à partir des années soixante du siècle dernier, doit maintenant être progressivement étendu aux stades, et même au Tour de France. Cela commencera par une concertation nationale réunissant les pouvoirs publics, les fédérations sportives, les associations de supporters. Le gouvernement leur soumettra gentiment, mais fermement ses projets de réforme des règles des compétitions qu’ils organisent. Ainsi, toute équipe de football, de rugby, de cyclisme devra paritairement être composée d’hommes et de femmes, sur le terrain comme sur le banc de touche. On veillera à ce qu’aucune discrimination salariale ne soit tolérée en fonction du sexe. Dans le cas où une joueuse devient indisponible pour cause de maternité, un joueur masculin de l’équipe sera invité à prendre un congé parental de même durée pour s’occuper de ses gosses. On laissera ouverte au champ de la négociation la question de permettre, au rugby, aux dames d’être affectées aux postes d’avant, car il existe un risque, pour elles, d’être victimes de gestes déplacés au sein de la mêlée…Des crédits seront dégagés pour modifier l’agencement des vestiaires et des douches pour que la pudeur de chacun et de chacune soit préservée.
Dans le tour de France, on supprimera le classement individuel pour le remplacer par le seul classement par équipe, et France 2 sera invitée à retransmettre un temps équivalent des péripéties du peloton des dames et de celui des messieurs. Jean-Paul Ollivier se verra adjoindre une coéquipière d’égal talent pour décrire les merveilles de notre patrimoine sur le parcours de la Grande Boucle.
Pour les sports individuels, on appliquera la règle du binôme : courses, lancer et sauts verront des couples s’affronter, le vainqueur étant celui qui réalise la meilleure performance totale. Ainsi les champions du monde du 100 mètres plat 2013 seront les Jamaïcains Usein Bolt – Shelly Ann Fraser-Pryce en 20 secondes 48 centièmes. Pourquoi n’avait-on pas pensé à cela plus tôt ?
*Photo : NIVIERE/CHAMUSSY/SIPA. 00641997_000012.
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