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Le sociologue Éric Fassin sur tous les fronts

La sociologie de brocante en a à revendre!


Le sociologue Éric Fassin sur tous les fronts
Eric Fassin © BALTEL/SIPA Numéro de reportage : 00635163_000054

Comme il est très brillant, il défend conjointement les “libertés académiques” et Taha Bouhafs. Quel homme!


En sociologie, il n’est pas toujours aisé de sortir du lot. Bourdieu est passé par là et a raflé la mise. Du maître à penser le “déterminisme” et la “domination”, les sociologues les moins capés ont retenu essentiellement le principe suivant : « la sociologie est un sport de combat ». Didier Éribon et Geoffroy de Lagasnerie, sociologues de gauche moins sportifs que leur mentor, n’ont fait que rendre encore plus systématiquement bête le déterminisme social et culturel comme unique grille de lecture de la société. « Ça n’existe pas la pensée de droite, ça ne peut pas exister », vient de déclarer Lagasnerie dans une de ses hallucinantes interventions. « Dans les sciences sociales, c’est impossible d’être de droite et de penser. Franchement, c’est impossible. […] Car la réalité, c’est la domination. » 

La révélation Judith Butler, le quincailler Éric Fassin

Éric Fassin pense approximativement la même chose. Comme beaucoup d’idéologues progressistes des salons universitaires ou médiatiques, il est passé par la case américaine. Destiné à une sobre carrière d’enseignant universitaire, le licencié de lettres modernes et agrégé d’anglais Éric Fassin a été directeur adjoint de l’Institute of French studies à l’Université de New-York de 1987 à 1994. Il rencontre à cette occasion la papesse du genre Judith Butler et l’historienne féministe Joan Scott et comprend immédiatement que les sujets en vogue aux États-Unis (genre, race, etc.) lui permettront, bien plus qu’un rigoureux mais obscur enseignement de l’anglais et de la littérature, de briller sur la scène universitaire française toujours acheteuse de thèses pseudo-révolutionnaires. 

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Ça tombe bien, Éric Fassin, technico-commercial de toute la quincaillerie sociologique américaine, en a maintenant à revendre. De retour en France, il se fait un nom en servant de tête de pont pour toutes les thèses débilitantes qui gangrènent aujourd’hui les universités françaises. Notons qu’Éric Fassin n’a obtenu son HDR (habilitation à diriger des recherches) qu’à la force de son militantisme et de sa présence médiatique – il a son rond de serviette sur France Culture mais n’hésite jamais à montrer le bout de son nez dans des émissions plus populaires : une étude de l’INA sur la période 2010-2015 révèle que le sociologue a fait 96 apparitions dans les médias télévisuels et radiophoniques les plus importants, dépassé seulement par Patrick Bruel (99 apparitions). Pour le reste, le sociologue n’a fait paraître aucune enquête sociologique dans une revue scientifique avec un comité de rédaction susceptible d’évaluer sérieusement son travail, a obtenu son HDR sans avoir soutenu de thèse de doctorat, et se contente de publier des articles redondants dans des revues militantes. Comme le souligne Nathalie Heinich dans son Bêtisier du sociologue, « avoir quelque chose à vendre, c’est excellent pour le commerce, mais très mauvais pour la recherche. »

Ces derniers temps, Éric Fassin est sur deux fronts

Le premier est celui de la “défense des libertés académiques”, sujet qui le chagrine depuis que Frédérique Vidal a osé dénoncer l’islamo-gauchisme qui règne dans certaines universités. Il vient d’organiser un colloque intitulé La savante et le politique – « le féminin évoquant en un clin d’œil les tentatives d’interdire l’écriture inclusive », écrit-il sur son blog hébergé sur le site de Médiapart. Il redoute, dit-il, un déchaînement de haine contre les études sur la race, le genre et l’intersectionnalité, « mais aussi contre les études postcoloniales et décoloniales. » Parmi les intervenants du colloque en question, entre autres : 

  • Nacira Guénif, sociologue à Paris 8, proche des indigénistes et favorable aux réunions non-mixtes (sans Blancs), s’est distinguée en expliquant que l’insulte « “espèce de sale juif, mes excuses” est passée dans le langage courant et ne signifie pas la haine des juifs » 
  • Sandra Laugier, philosophe, responsable du pôle « forum des idées » pour la campagne présidentielle de Benoît Hamon, spécialiste des séries télé dans lesquelles elle cherche à repérer les restes patriarcaux et les avancées féministes, bouleversée par les « attaques écœurantes contre le droit et la pensée » que sont la dénonciation de l’islamo-gauchisme et la disparition de l’Observatoire de la laïcité

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  • Philippe Marlière (voir mon papier du 7 janvier
  • Marion Tillous, enseignante en géographie et étude de genre (sic) à Paris 8. 

En application directe de la pensée lagasnerienne selon laquelle il ne peut pas y avoir de « pensée de droite » dans les sciences sociales et qu’il faut « être contre le paradigme du débat, contre le paradigme de la discussion » (France Inter, 30 sept. 2020), Fassin et sa bande discuteront entre eux. On peut d’ores et déjà imaginer qu’ils aborderont des sujets intellectuellement nuls, partageront des éléments de langage foucaldo-bourdieusiens extrêmement simplifiés, pousseront des cris en s’auto-désignant victimes du système, du pouvoir, de la fachosphère, et se feront mutuellement mousser en qualifiant leurs “travaux” d’académiques, de scientifiques, de rigoureux.

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Le deuxième front est la défense de Taha Bouhafs. Proche du comité Adama et des indigénistes, ce jeune homme est actuellement jugé pour avoir traité la policière Linda Kebbab d’ « Arabe de service ». Éric Fassin, ami de l’activiste, a été appelé à la barre. Sur son blog, il est possible de lire l’essence de sa “plaidoirie” : « Le racisme n’a rien de résiduel et pèse de plus en plus sur les minorités. » Ce racisme repose sur « des mécanismes sociaux structurels. […] L’obsession croissante pour l’islam, de droite à gauche, en sont les signes les plus visibles.[…] De plus en plus, le racisme s’inscrit dans les politiques […] comme le montrent les lois à répétition visant le voile. […] Ce n’est pas un hasard si le président de la République a lancé l’offensive contre le “séparatisme”. C’était au moment précis où le comité Adama Traoré réussissait à mobiliser fortement (sic) la jeunesse (resic). » Et patati, et patata, pour en arriver à l’insulte contre Linda Kebbab qui est bien une insulte mais qui est une « insulte politique et non raciale ». Taha Bouhafs n’a pas dit “sale Arabe” mais “Arabe de service” et aurait ainsi mis en avant la complicité de la policière avec le « racisme structurel » de l’État plutôt que son origine maghrébine, selon le sociologue. Subtil. Très subtil. Tellement subtil qu’une autre spécialiste du “racialisme” et du décolonialisme lui a prêté main forte lors du procès de Taha Bouhafs : Françoise Vergès a estimé que « Arabe de service est une expression politique et sociale » et non pas raciste. Affaire en cours, à suivre, et déjà brillamment expliquée par Alexis Brunet dans ces colonnes.

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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