Une tribune de Jean-Frédéric Poisson, président de VIA, la voie du peuple
Depuis le 8 septembre se tient le procès des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Un événement douloureux pour les familles de victimes dont la douleur est cruellement ravivée. Si certains n’attendent rien de particulier de cet événement médiatique, d’autres au contraire souhaitent obtenir justice pour leurs disparus. D’autres encore déclarent qu’ils ne souhaitent pas de récupération politique autour de ce procès. Pourtant, et malgré tout le respect que nous devons à ces victimes, il n’est pas question d’éviter ce sujet. En effet, l’enjeu de cet événement va bien au-delà d’un simple procès. Il met en lumière la lutte qui s’est amorcée entre deux civilisations incompatibles. Une lutte dont beaucoup de Français semblent ne pas avoir conscience, sans doute par méconnaissance de nos adversaires.
Nous ne pourrons pas combattre l’Islam conquérant tant que nous ne comprendrons pas l’état d’esprit de ceux qui ont frappé le Bataclan, l’Hyper Cacher, mais aussi Nice, le marché de Strasbourg et qui ont assassiné le Père Hamel, Arnaud Beltrame et tant d’autres. À cet égard, le silence de Salah Abdeslam depuis son incarcération nous en apprend davantage que les propos qui peuvent émerger de différents interrogatoires de terroristes : Salah Abdeslam se tait. Il ne dialogue qu’avec ses codétenus qu’il influence. Il se tait, car le dialogue ne l’intéresse pas ; notre point de vue n’a pas la moindre valeur pour lui. Il n’attend pas davantage de notre part que nous le comprenions. Il se tait jusqu’à son procès, occasion pour lui de déclarer : « je tiens à témoigner qu’il n’y a point de divinité à part Allah et que Mohamed est son messager » [1]; ce qui constitue, mot pour mot, la profession de foi à l’Islam. Beaucoup semblent étonnés par cette sortie, mais l’explication de son attitude est pourtant limpide : Abdeslam appartient à une autre civilisation au sein de laquelle existe un état d’esprit particulier, façonné par le Coran. Le terroriste n’est pas disposé à la repentance parce que ce qu’il défend se trouve dans une dimension religieuse qui transcende de loin la laïcité, la liberté, l’égalité et la fraternité, valeurs apparemment indépassables de nos sociétés modernes. Pour les musulmans, il s’agit de défendre un véritable droit soufflé par Dieu à son prophète et qui structure toutes les sociétés appartenant à l’Oumma, la communauté des croyants. De là découle le modèle immuable d’une religion qui interdit depuis le Xe siècle et la réforme du calife al-Mutawakil, toute actualisation ou interprétation du Coran. C’est le fond du problème. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que j’avais développé ce sujet dans mon ouvrage L’Islam à la Conquête de l’Occident en 2018. Tout dialogue est impossible tant que les adeptes du Coran se refusent à l’autocritique.
Nous devons comprendre que ces hommes n’ont pas peur de notre justice, qu’ils n’ont pas honte de ce qu’ils ont fait, qu’ils appliquent les conseils du prophète : « Je ne veux rien ni de vous ni du juge. Il n’y a que la justice d’Allah qui compte ! » déclarait Abdeslam en décembre 2020 [2]. Au contraire, ils se réjouissent de pouvoir confirmer leur allégeance à Daech, d’avoir une tribune pour montrer leur bravoure face aux mécréants. Si de notre point de vue, ce sont des criminels, du point de vue de nombreux musulmans, ce sont des héros qui sont allés jusqu’au bout de leurs convictions. Le procès peut avoir du sens pour les victimes, il n’en aura jamais aucun du point de vue des bourreaux.
L’enjeu dépasse l’action de quelques islamistes radicaux, puisqu’une véritable stratégie de conquête de l’Occident est mise en place depuis une vingtaine d’année par les États musulmans qui n’ont jamais caché leurs ambitions pour notre continent. L’idée pour eux consiste à faire avancer la cause de l’Islam dans le monde, quelle qu’en soit la manière. C’est d’ailleurs en substance ce qu’affirme un document stratégique adopté à l’unanimité par ces États réunis au sein de l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture en 2000. Il y a chez eux une négation de notre identité et une volonté de conquête qui pardonne aux terroristes tous leurs excès au nom de la sainte cause du Djihad. Voilà pourquoi, indépendamment du rôle que la justice doit poursuivre dans cette affaire, la question de fond de ce procès est bien celle de l’incompatibilité idéologique de l’Islam conquérant avec notre société européenne. Au-delà de la connaissance de ceux qui nient ce que nous sommes, nous devons également retrouver l’esprit de nos pères, un esprit de service et d’héroïsme, cultiver les vertus qui nous permettront d’opposer notre force à leurs forces, notre civilisation à leur civilisation.
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[1] « Attentats du 13 Novembre : fin d’une première audience mouvementée, reprise du procès jeudi à 12h30 »,Le Parisien, le 08/09/2021
[2] « L’administration pénitentiaire rapporte le prosélytisme de Salah Abdeslam en prison », Mediapart, le 08/09/2021
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