Bertrand Delanoë, on le sait, a inauguré lundi dernier en grandes pompes roses et vertes, (surtout vertes, en fait) Autolib’, un service de voitures électriques inspirées du Vélib’ couvrant Paris et quarante-cinq communes proches. Autolib’ a été présenté comme le souverain bien, devant faire honte à toutes les autres voitures, dangereuses, bruyantes, polluantes et encombrantes.
Le soir même, pourtant, Autolib’ a commencé sa carrière de serial killer et fait sa première victime, une femme qu’il a fallu hospitaliser. Elle avait été renversée alors qu’elle traversait au feu vert, ce qui n’est pas bien, certes, mais se fait couramment quand le piéton urbain, d’un coup d’œil avisé, estime qu’il a largement le temps d’atteindre l’autre trottoir. Le responsable de cet accident ? Un de ces véhicules électriques, si merveilleusement silencieux.
Et il semble bien, justement, que ce soit le silence, le principal responsable, la dame en question n’ayant rien entendu venir. Bertrand Delanoë, évidemment, se veut très prudent et ne veut voir « aucun lien à ce stade » entre l’absence de bruit et l’accident. D’où l’on tirera cet étrange et paradoxale morale pour le maire de Paris et ses alliés écolos : le silence rend sourd…mais aussi aveugle.
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