Joseph Macé-Scaron a planté le décor de son nouveau livre à Etretat. On y meurt beaucoup.
Étretat, ses falaises, son aiguille creuse (où Arsène Lupin est sans doute encore caché), son calvados… et ses suicides. En effet, bien qu’elle ne soit nullement, loin s’en faut, la seule ville de France à offrir un lieu propice au grand saut, la station balnéaire normande semble attirer particulièrement les candidats au suicide dont certains viennent de loin pour finir en beauté, dans ce décor presque lunaire, un brin menaçant, surtout par temps gris et venteux. Chaque année, entre 10 et 15 personnes (soit 100 fois plus que la moyenne nationale) se jettent des célèbres falaises qui surplombent la mer, 70 mètres plus bas. Au grand dam des gendarmes qui parviennent cependant à décourager pas mal de désespérés.[1]
Si Joseph Macé-Scaron (qui est un ami, mieux vaut le préciser) a choisi ce point de départ pour son roman policier, c’est peut-être parce qu’il a gardé de son passé de journaliste un goût pour les histoires vraies, mais surtout parce qu’il aime passionnément la petite cité normande. Dans son Étretat, on croise certes les hordes de touristes qui l’envahissent chaque week-end, mais aussi des personnages dont l’âme, comme leur ville, renferme nombre de recoins secrets.
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Paule, chartiste débarquée dans sa ville natale pour y finir ses jours, a la désagréable surprise de découvrir qu’une inconnue l’a précédée, comme pour lui voler son suicide. À la faveur d’une rencontre avec un amour de jeunesse devenu capitaine de gendarmerie, Paule mène l’enquête. Et nous avec elle.
Si comme moi, vous avez une dilection coupable pour les romans policiers qui tiennent éveillé alors que l’heure tourne dangereusement, n’hésitez pas. En prime, ce polar-terroir vous offrira la possibilité de revoir la Normandie sans bouger de votre lit.
La Falaise aux suicidés, de Joseph Macé-Scaron, éd. Les Presses de la Cité, 304 p., 2022, 21€.
[1]. Louise Colcombet, « À Étretat, la falaise aux suicidés », Le Parisien, 17 octobre 2018.