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Le RN : boussole probable de l’Assemblée nationale?

Rien ne se fera sans l’onction du RN


Le RN : boussole probable de l’Assemblée nationale?
Marine Le Pen et les nouveaux élus RN, à l'Assemblée nationale, le 10 juillet 2024. Tom Nicholson/Shutterstock

Le nouvel exécutif qu’Emmanuel Macron s’apprête à nommer, ancré au centre, sera incapable de survivre sans le soutien des députés du Rassemblement national qui ne manqueront pas de monnayer leur coopération. Analyse.


La logique présidentielle fera émerger dans quelques jours un exécutif proche du bloc dit « central ». Ce nouveau pouvoir devrait être fort contraint par le risque d’une proposition de censure initiée soit depuis le bloc de gauche soit depuis le RN. Des vagues pouvant additionner jusqu’à 335 voix au moins. Dans le même temps, il doit pour exister répondre aux exigences fondamentales des anciens citoyens devenus aussi groupes de simples consommateurs – non de programmes politiques auxquels plus personne ne croit – mais de produits politiques adaptés à des ensembles plus ou moins solidaires mais aussi plus ou moins antagonistes. Il est facile de dresser la liste de ces exigences – certaines probablement fondamentales, d’autres moins – qui, là aussi, s’additionnent et se trouvent représentées dans des partis devenus entreprises politiques largement incapables d’offrir, face à leurs marchés émiettés, un programme cohérent : SMIC et pouvoir d’achat, réforme des retraites, pauvreté et inégalités, fiscalité, services publics (école, santé, etc.) immigration et sécurité. Cette liste qui figure dans tous les sondages est confirmée par la dernière enquête IPSOS de juillet.

Curieusement, ce même bloc central sera dominé par une ex-majorité présidentielle, contestée depuis très longtemps sur les sujets que nous venons d’énumérer. Ajoutons que ce bloc est extrêmement hétérogène avec des fractures importantes sur des dossiers décisifs, comme celui de la fiscalité ou du libre-échange. C’est dire que ce bloc central ne peut, curieusement, tenir que s’il est puissamment épaulé par les deux autres. Probablement incapable d’assurer sa cohérence interne, il ne peut survivre que par la contribution de son environnement. Il doit par conséquent être beaucoup plus qu’encadré et bénéficier d’une aide de ses adversaires. Il s’agit d’un important paradoxe.

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Selon les modalités de son action, il devrait tantôt s’appuyer sur la gauche, tantôt sur le RN et tantôt sur les deux. Sur le plan de la réforme des retraites, il n’aura guère le choix et devra impérativement obéir aux exigences conjuguées de la Gauche et du RN, exigences qui vont peser très lourd dans l’adoption ou non du budget 2025, et donc dans la survie du nouvel exécutif. Pour le reste, il lui faudra compter sur une aide indispensable du RN.

Et cette aide devra s’envisager quel que soit le domaine législatif ou règlementaire.

Les propositions du nouvel exécutif ne peuvent être que fort modestes dans ce qui touche au fonctionnement de l’économie et on verrait mal ce bloc central partir en guerre contre les règles du jeu du néolibéralisme de marché, règles surveillées étroitement par la holding européenne. Qu’il s’agisse de la hausse du SMIC, du chômage, voire du prix de l’électricité, et de tant d’autres domaines, les marges de manœuvre seront de plus en plus réduites. Dans ce registre, il devra affronter de façon violente la gauche qui exigera de nouveaux impôts et il ne pourra être sauvé que par une bienveillance ou une neutralité du RN. En cas de motion de censure lancée par la gauche, il devra négocier une simple abstention de celui qui reste officiellement son adversaire.

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Dans le registre des textes portant sur l’amélioration des services publics, l’impact économique est lui aussi non neutre et à court terme risque de peser sur le déficit et la dette. On ne pourra rétablir le service public hospitalier en misant sur les seuls gains de productivité. Même chose pour l’école ou l’Université. C’est dire que le nouvel exécutif va rencontrer d’énormes difficultés dans la volonté attendue de dominer les questions budgétaires. Si en ce domaine le risque de censure par la gauche est probablement plus faible, le bloc central ne pourra l’emporter qu’avec au moins la neutralité bienveillante du RN.

S’agissant maintenant des réformes touchant la sécurité, les frontières et les flux migratoires, le bloc central sera lui-même intrinsèquement faible en ce domaine et il est très clair qu’il faudra largement dépasser la négociation d’une simple bienveillance du RN et donc collaborer directement avec lui.

Quelque soient les projets, textes, voire les amendements discutés, l’onction du RN sera fondamentale. C’est dire que l’usine Assemblée Nationale fonctionnera largement sous haute influence RN.



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Universitaire et conseiller ayant succesivement travaillé sur le Développement, l'économie pétrolière, et l'économie publique, il travaille maintenant sur l'ensemble des questions liées à la crise.

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