Sur la scène économique internationale et en diplomatie, Donald Trump promet le retour de l’État-stratège et n’a qu’une seule ligne directrice: « America First »…
Alors que Donald Trump se prépare à un retour à la Maison-Blanche, qualifié de plus grand « come-back » de l’histoire politique américaine, le monde entier s’interroge sur les effets de son retour sur l’ordre international. Trump promet une refonte de la politique étrangère, un nationalisme économique renforcé et une approche intransigeante des conflits géopolitiques. La mission qu’il s’est donnée, et la promesse faites aux Américains, c’est : Make America Great Again et enrayer le déclin américain.
« America First » : un isolationnisme revendiqué
Depuis des années, la doctrine « America First » de Donald Trump est hâtivement qualifiée d’isolationniste. Mais cette étiquette occulte une réalité plus complexe. Trump ne prône pas un retrait des affaires mondiales, mais une redéfinition des priorités. À ses yeux, les États-Unis sont depuis trop longtemps le « gendarme du monde », épuisant leurs ressources pour des alliances peu lucratives. Son second mandat devrait rester sur la même ligne, avec une opposition au multilatéralisme, dans la mesure où gérer les affaires mondiales coûte cher au contribuable américain et contribue, pour Trump, au déclin du pays. La vision est motivée par l’idée que l’Amérique doit conserver son rang de première puissance mondiale, un titre fragilisé selon lui, sous la présidence de Joe Biden. Pour Trump, la force est un levier, et les alliances sont des contrats négociables, loin d’être sacrés. Si cette approche choque les défenseurs du multilatéralisme, Trump reste fidèle à un calcul simple : si cela ne profite pas directement à l’Amérique, pourquoi s’en soucier ?
Des idées comme l’annexion du Groenland ou la pression tarifaire sur le Canada peuvent sembler farfelues, mais elles traduisent une logique stratégique. Donald Trump accepte le nouvel ordre multipolaire, mais juge prioritaire de sécuriser l’étranger proche américain, qui est vital pour la prospérité du pays. Avec sa localisation arctique stratégique et ses ressources inexploitées, le Groenland pourrait offrir un avantage décisif face à la Russie et à la Chine. De même, l’intérêt de Trump pour le contrôle du canal de Panama reflète une ambition plus large : dominer les points névralgiques du commerce mondial. Ces propositions, souvent tournées en dérision, incarnent une vision expansionniste assumée. Aux yeux de Trump, l’exceptionnalisme américain devrait se traduire par une domination géopolitique tangible. Mais cet impérialisme à peine voilé pourrait évidemment intensifier les tensions avec les alliés comme avec les rivaux. Si la vision Trump des relations internationales est claire et reste inchangée, ce dernier est toutefois resté évasif sur la manière dont il entend parvenir à ses fins géopolitiques…
Le nationalisme économique, une arme à double tranchant
Parmi les outils préférés de Donald Trump, les tarifs douaniers occupent une place de choix dans son programme. Pendant des décennies, il a dénoncé les accords commerciaux qu’il jugeait « injustes » et destructeurs pour l’industrie américaine. Lors de son premier mandat, ses taxes sur les importations chinoises ont déclenché une guerre commerciale, augmentant les prix pour les consommateurs américains et déstabilisant les marchés mondiaux. Pourtant, Trump a affirmé avoir remporté cette bataille, se targuant de s’être « opposé à la Chine » avec fermeté. Pour 2025, Trump promet d’aller encore plus loin, en imposant des tarifs généralisés non seulement à la Chine, mais aussi à l’Europe, au Canada et au Mexique. Si ses partisans y voient une protection de l’emploi américain, ses détracteurs préviennent que ces mesures risquent de provoquer des représailles et de fragiliser davantage le commerce mondial.
La pandémie de Covid-19 a révélé la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, renforçant l’idée de Trump selon laquelle les États-Unis doivent rapatrier leur production. Son objectif est clair : réduire la dépendance à la Chine ou même au Mexique ou au Canada, relocaliser les industries stratégiques et garantir une sécurité économique nationale. Des incitations fiscales pour les entreprises et des sanctions contre la délocalisation pourraient encourager un rapatriement partiel. Cependant, les coûts de production élevés et les pénuries de main-d’œuvre compliquent cette ambition. Si Trump réussit, il redéfinira la politique industrielle américaine et le commerce mondial de manière durable. Mais en cas d’échec, cela pourrait laisser des entreprises, pas seulement américaines, dans une situation délicate, tiraillées entre nationalisme économique et réalités économiques.
Les points chauds et la recherche d’une paix mondiale
Trump a affirmé qu’il pourrait mettre fin à la guerre en Ukraine « en 24 heures » durant la campagne de 2024. Une promesse audacieuse qui suscite autant d’espoir que de scepticisme et il est déjà revenu sur celle-ci, tablant davantage sur un délai de six mois. Une certitude, il devrait réduire l’aide américaine à l’Ukraine, facilitant le début de pourparlers. Si Trump parvient à être à l’origine d’une négociation de paix, cela pourrait stabiliser la région, mais au prix de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et d’un renforcement de la Russie, ce qui explique la prudence du 47ème président américain.
Le Moyen-Orient reste un terrain où Trump a toujours joué la carte de la fermeté. Son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018 et sa campagne de « pression maximale » ont exacerbé les tensions avec Téhéran. L’exemple récent de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas en est l’illustration par excellence. Trump a fait pression sur Benyamin Nétanyahou et lui a fait accepter des termes qu’il avait refusés il y a plusieurs mois. L’alliance étroite de Trump avec Benyamin Nétanyahou laisse présager une continuité dans la défense des intérêts israéliens même s’il se fera toujours respecter par la force. Mais cette stratégie, tout en consolidant les relations bilatérales, pourrait alimenter des conflits régionaux et compliquer les efforts diplomatiques plus larges. En effet, il ne retiendra pas Nétanyahou en cas de confrontation directe avec l’Iran, mettant du plomb dans l’aile de sa réputation de président de la paix.
Si le premier mandat de Trump a tendu les relations sino-américaines, un second pourrait les pousser au bord de la rupture. La vision offensive de Trump vis-à-vis de la Chine est conforme à ses idéaux, montrant que nous sommes plus devant une redéfinition stratégique qu’un isolationnisme américain. Taïwan reste au cœur des tensions et la situation avec la Chine s’est tendue en 2024. Trump devrait renforcer son soutien à l’île via des ventes d’armes et un discours affirmant sa souveraineté, ainsi que via le redéploiement stratégique de l’attention américaine sur l’Indopacifique. Cette posture devrait irriter la Chine et rendre la région encore plus instable. L’ambition de Donald Trump est d’incarner la grandeur de l’Amérique et permettre le retour de sa domination sur le monde, qu’importe le coût.