C’est en 1977 que Murray Edelman publie Political language, words that suceed and policies that fail où il se propose de comprendre comment les pauvres se font avoir par les experts en économie. Le titre est un peu pompeux, mais on ne peut pas dire que le sujet soit inintéressant.
Voici les trois étapes à suivre pour mystifier le petit peuple :
1) Pour commencer, chaque crise doit être présentée comme quelque chose de fracassant. La comparer avec le krach de 29 est une bonne chose. Mettre la science économique (surtout la plus absconse) au service d’un constat simplissime (c’est ça, ou le retour de la guerre en Europe) est un excellent procédé auprès des gens impressionnables. D’une façon générale, tout ce qui peut préparer les plus faibles à payer plus d’impôts par la dramatisation de l’enjeu vaut de l’or (page 45).
2) Frapper les plus faibles, c’est bien. Faire en sorte que ces mesures aient l’air incroyablement courageuses, c’est mieux. Il est très important que les fautifs passent pour des hommes d’Etat, et, qui plus est, pour des hommes d’Etat courageux (page 46).
3) En économie, tout est affaire de vocabulaire. La situation alarmante du riche qui ne peut plus s’enrichir est une crise. La situation alarmante du chômeur qui ne trouve pas de travail, en revanche, est un problème de société. Si la première appelle des mesures urgentes (hausse de la TVA immédiate), la seconde est un sujet à l’étude (page 47)
Merci pour toutes ces précisions, Jacob Murray Edelman. Sache que le prix du soda que je lève en ton honneur va doubler d’ici peu.
Political Language: Words That Succeed and Policies That Fail
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