Après sa déclaration de 2017 – très critiquée – sur l’absence de « culture française », le président de la République nous apprend que le français est désormais une langue africaine! Avec de telles affirmations, qui peuvent légitimement heurter le citoyen qui aurait le tort d’aimer un peu trop son pays, Emmanuel Macron entend se démarquer d’un Eric Zemmour.
Dans un discours prononcé à l’occasion de la visite du chantier de rénovation de la Bibliothèque nationale de France, le 28 septembre, le président de la République a fait état d’un tremblement de terre : l’« épicentre » de la langue française ne serait « plus aujourd’hui sur ces rives de la Seine mais sans doute bien davantage vers le bassin du fleuve Congo ».
A quelques mois de l’élection présidentielle, le président de la République a indiqué aux Français qu’ils parlaient désormais une langue… africaine !
Il a lâché – comme par inadvertance – que la langue française s’était déterritorialisée au point que la France elle-même, terre d’origine du Français, était devenue une province linguistique du Congo. Leïla Slimani, représentante personnelle d’Emmanuel Macron pour la francophonie, déclare d’ailleurs elle aussi, que « le français est une langue africaine ».
En s’appropriant la langue du colonisateur, le colonisé l’a fait sienne et en dépossède le colonisateur. Telle est l’idée.
Non, rien de rien, non je ne regrette rien…
Pour Emmanuel Macron, le fait que le Congo ait structuré son système d’éducation autour de l’usage exclusif de la langue française n’est pas une preuve du rayonnement culturel et linguistique français, ni un hommage rendu à la culture française. Il s’agit d’une confiscation et d’une preuve que la vie de la langue française s’élabore désormais en Afrique. Que les Français se le tiennent pour dit : c’est au Congo que les choses se passent.
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Cette curieuse conception de la vie de la langue française hors de l’Hexagone est, à n’en pas douter un signe de distance vis-à-vis de la France et des Français. Un de plus, car le président l’a déjà fait savoir : il n’aime pas l’idée que la France dispose d’une culture particulière qui serait digne d’être défendue. Pendant sa campagne électorale de 2017, Emmanuel Macron avait en effet déjà affirmé qu’il « n’y avait pas de culture française », mais qu’en revanche, il existait une « culture en France et que cette culture est diverse ». En d’autres termes, les Français devaient accepter d’être relativisés sur leur territoire par l’apport culturel des migrants, au risque de passer pour d’affreux racistes et colonisateurs s’ils regimbaient. Emmanuel Macron est revenu par la suite sur le sujet pour dire que sans Picasso ou Yves Montand, sans l’apport de centaines d’autres artistes étrangers, la culture française ne serait rien.
Se démarquer très tôt de Zemmour
En aout 2018, en déplacement au Danemark, Emmanuel Macron a fini par reconnaître qu’il existait une culture française, mais cette culture se caractérisait par le refus de l’autre, par le refus du changement. Ainsi, devant la reine du Danemark, le président français a traité ses compatriotes de “Gaulois réfractaires au changement”. Ils seraient des Deschiens qui, les pieds dans la glaise, parleraient toujours le patois et n’ont jamais su que les Américains sont allés sur la lune.
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Ce mépris envers les Français de France est un mépris envers les pauvres, envers ceux qui sont bien là où ils sont nés. En septembre 2014, alors qu’il est encore ministre de l’Economie, Emmanuel Macron parle du personnel féminin de l’abattoir Gad à Lampaul-Guimiliau (Finistère) comme d’une “majorité de femmes pour beaucoup illettrées”. Il y a des Français en France, et s’ils parlent le Français, ils ne sauraient ni le lire, ni l’écrire. Contrairement aux Congolais ? La référence d’Emmanuel Macron au Congo n’est pas le fruit du hasard. Elle visait Eric Zemmour et indique déjà clairement sur quel thème l’actuel président compte mener sa campagne présidentielle. D’ores et déjà, il se campe en champion de la mondialisation et de l’ouverture au monde contre un Eric Zemmour présenté comme le candidat du « rétrécissement » (c’est le terme que le président a employé en inaugurant le chantier de la Bibliothèque nationale).
Eric Zemmour et Emmanuel Macron semblent d’accord sur un point : la mondialisation, c’est le « grand remplacement ». Pour Macron, c’est se tourner vers l’autre, le Congolais par exemple, pour le remercier d’être devenu nous. Pour Eric Zemmour, en revanche, c’est un crime contre l’humanité!
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