Pour fêter ses 90 ans, le musée Marmottan Monet réunit 90 œuvres en trompe-l’œil, du XVIᵉ siècle à nos jours. Ces morceaux de virtuosité brouillent les sens de perception du spectateur et démontrent que la peinture est capable d’une troisième dimension : imiter tous les objets et toutes les matières.
Les histoires de consentement et de tromperie ne finissent pas toujours dans des salles d’audience. Elles nous mènent quelquefois dans des salles de musée, en l’occurrence celles du musée Marmottan Monet, lequel fête ses 90 ans autour de 90 œuvres illusionnistes appelées trompe-l’œil. Derrière cette facétie anti-impressionniste, l’exposition « Le trompe-l’œil, de 1520 à nos jours » est un très bel hommage à l’art, à la virtuosité des artistes à travers les âges, au regard des créateurs, des collectionneurs, des conservateurs et, bien sûr, des visiteurs. Il n’est pas si fréquent de trouver plaisant d’être trompé, alors ne boudons pas notre plaisir.

Mystification
Le trompe-l’œil est une forme exacerbée de réalisme qui se définit d’abord par l’effet produit sur le spectateur. Mystifié par un ensemble de règles techniques (grandeur nature des éléments représentés dans leur intégralité, perspective réduite, usage spécifique du clair-obscur, disparition de tout ce qui renvoie à l’imaginaire du tableau comme les coups de pinceau et la signature de l’artiste à l’endroit attendu), le spectateur se croit dans un premier temps en face de l’objet réel et non de sa représentation. Cette porte de placard est une vraie porte de placard, cette vitrine de bibliothèque, ce rideau, ces livres, ces lettres, ces flacons, ces objets en tous genres paraissent plus vrais que nature. Ils sont en bois, en métal, en velours, en verre, en cuir et en marbre : on les touche du regard. Pour un peu, on tournerait la clé, on lirait les titres des livres, on jetterait un œil indiscret sur le courrier, on veillerait à ce que le violon et la flûte ne dégringolent pas de leur précaire équilibre. Le plaisir naît d’un second
