La presse en fait des caisses sur la répression policière des manifestations sporadiques contre la réforme des retraites. Mais participer à des manifestations non autorisées, c’est prendre le risque d’être blessé lors d’une charge ou de manger du lacrymo, il ne faut pas se plaindre ensuite… À 13 heures, le président Macron devrait rappeler à la télévision que les émeutiers ne doivent pas l’emporter sur les « représentants du peuple ».
La France est-elle en train de s’embraser ? C’est la question que tout le monde se pose. Des incendies et des murs de poubelle, parfois des poubelles incendiées: ce sont les photos-souvenirs que les touristes qui n’ont pas encore fui Paris pourront rapporter chez eux !
À l’Assemblée nationale, pendant ce temps, nous assistions au spectacle surréaliste de la Première ministre «victorieuse», applaudie par les bancs de la majorité. Dans le pays, c’est un peu le chaos à bas bruit. Ce n’est pas le Grand Soir, mais une série de petits soirs: rassemblements sporadiques non déclarés et violences, notamment à Paris, mais aussi à Rennes ou Nantes. À Fos-sur-Mer (13), devant le dépôt pétrolier, des grévistes furieux contre les réquisitions ont carrément envoyé trois CRS au tapis!
Une centaine de policiers et gendarmes blessés
Depuis l’annonce du 49-3, jeudi dernier, la place Beauvau a recensé 1200 actions non déclarées et une centaine de membres des forces de l’ordre blessés. Des centaines d’arrestations ont donné lieu à très peu de procédures. Le Syndicat de la Magistrature et la gauche en déduisent qu’il s’agissait d’arrestations abusives… Mais, en réalité, c’est plutôt la Justice qui ne suit pas et l’impuissance de l’État qui s’étale une nouvelle fois devant nos yeux.
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D’après les fuites orchestrées par l’Élysée, le président de la République reste droit dans ses bottes: « La foule n’a pas de légitimité » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus ». En effet, n’en déplaise à mon cher Alexis Poulain, oui, la foule qu’on voit casser ou brûler dans certaines de nos rues le soir, ce n’est pas le peuple, et encore moins ces groupuscules de gauchistes qui ne sont là que pour en découdre.
Emmanuel Macron a-t-il alors raison de ne pas céder?
Le problème, c’est que sa légitimité à lui est au plus bas, en capilotade, raison pour laquelle sa réformette a mis le feu aux poudres. S’il s’adresse à 13 heures aux Français pour leur dire j’ai raison et vous ne comprenez rien, il a peu de chances d’« apaiser les colères », l’objectif affiché. Cependant, j’insiste, contrairement à ce qui est dit çà et là, non il n’est pas responsable des violences.
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Quant aux prétendues « violences policières », même s’il y a quelques dérapages individuels, il faut le répéter : participer à des manifestations non autorisées, c’est prendre le risque d’être blessé lors d’une charge, ou de manger du lacrymo ! Il ne faut pas se plaindre derrière ! En revanche, Jean-Luc Mélenchon, lui, qui encourage les mobilisations « spontanées », parce qu’il dit que c’est là que ça se passe (c’est surtout là qu’il n’est pas marginalisé par les syndicats !), porte une lourde responsabilité. Il se croit en mai 68, quand la convergence entre le mouvement étudiant et les grèves ouvrières avait mis le pays à l’arrêt. On risque en réalité plutôt d’assister à un remake des gilets jaunes, quand les violences hebdomadaires avaient fini par priver le mouvement de la sympathie initiale de l’opinion.
Le gouvernement, parait-il, joue sur le pourrissement. Pour pouvoir jouer le parti de l’ordre. Sauf que ce ne sont pas des ministres qui brûlent des poubelles, mais des soi-disant rebelles qui sont les idiots utiles du pouvoir qu’ils prétendent combattre.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio. Retrouvez Elisabeth Lévy à 8h10 du lundi au jeudi, dans la matinale.
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