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Le péril jeune en vacances


Le péril jeune en vacances
Le "mouvement lycéen" : radical, citoyen et vacancier.

Le "mouvement lycéen" : radical, citoyen et vacancier.

Avec les vacances de la Toussaint, le « mouvement lycéen » est entré dans une phase de ralentissement. Quelques centaines d’étudiants se sont rassemblés le 26 octobre. Sans les jeunes socialistes, ceux du Front de gauche, de la FSU et de la CNT, ils auraient eu piteuse allure.

Présenté comme radical et citoyen, ce mouvement de la jeunesse ne s’est pas essoufflé à cause de Sarko, l’homme de fer, mais en raison de l’absence de ces ados pré-pubères qui, après avoir quitté les bancs de l’école, ont déserté les rues pour se retirer sur d’autres terres.

Les jeunes dans la galère ont donc mis le cap sur les vacances. Il faut dire qu’ils avaient besoin de reprendre des forces : battre le pavé en gesticulant et en hurlant à tue-tête pendant des heures, ça fatigue ! À ce propos, les heures passées à manifester ne devraient-elles pas être comptabilisées dans le calcul des retraites ?[access capability= »lire_inedits »]

Le droit de partir en vacances a donc été plus fort que le droit de manifester et tout le monde trouve ça normal, à commencer par les organisations syndicales lycéennes et étudiantes.
Partir en vacances alors même que la réforme sur les retraites, perçue comme injuste et illégitime, est à deux doigt d’être promulguée ? L’indifférence des leaders du mouvement protestataire est absolument fascinante. Ne s’agit-il pas d’une désertion ? Un militant en vacances, n’est-ce pas un oxymore en période de lutte ?

Où est passée l’éthique de conviction ?

Un militant à mi-temps, ça n’existe pas. Où est donc passée, dans cette mobilisation de la jeunesse, l’éthique de conviction, principe structurant de l’action syndicale, comme le remarquait Max Weber dans Le Savant et le politique ? Serait-elle active seulement le temps d’une manif et visible momentanément sur les profils Facebook ? Ou alors, il faut croire que l’enjeu de la mobilisation n’est pas aussi crucial que le clament les syndicats et l’opposition.

Le pire, c’est que le dilemme moral ne s’est même pas posé. Absence totale de cas de conscience. On n’a pas observé le moindre déchirement entre le plaisir privé et le devoir, pas la moindre tempête sous les crânes lycéens, peut-être parce que leurs maîtres-protestateurs, les présidents de la FIDL et de l’UNEF, ne les ont pas appelés au devoir de faire la grève de leurs vacances. Pourtant, cet appel aurait été doublement payant, pour la dynamique du mouvement et pour la crédibilité de l’engagement politique des jeunes, célébré avec enthousiasme au plus fort de la mobilisation.

C’est que le mot « devoir » aurait réactivé la glande sébacée de nos ados. Alors, non merci ! Pas touche aux vacances des lycéens, bien plus sacrées que l’union avec les salariés et les retraités. Faut pas charrier : déjà que les vieux vont piquer les boulots des jeunes… Si, en prime, ils les privent de leurs vacances, ils vont finir par la faire pour de bon, cette révolution. [/access]

Novembre 2010 · N° 29

Article extrait du Magazine Causeur



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