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Le nouveau job de Gabriel Attal

Le billet de Dominique Labarrière


Le nouveau job de Gabriel Attal
Plongeon dans l'inconnu ? Le Premier ministre Gabriel Attal visite la grande piscine olympique à Nanterre, 15 juillet 2024 © STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA

Le gouvernement de Gabriel Attal a finalement bien démissionné, mais il reste en place – avec des prérogatives très limitées. Après son dernier conseil des ministres, hier, Gabriel Attal est chargé de gérer les « affaires courantes ».


Avec Emmanuel Macron et ses bons amis, l’imagination – dans sa forme la plus débridée – est bel et bien au pouvoir. Voilà qu’ils viennent de nous sortir de leur chapeau une catégorie toute nouvelle de personnel politique : le démissionnaire non démissionné. Ou si vous préférez le partant maintenu à demeure, la chaise vide occupée, etc. C’est ainsi que M. Gabriel Attal, Premier ministre ayant présenté sa démission, cette fois-ci acceptée par le boss, se trouve néanmoins confirmé dans le rôle auquel il est cependant censé avoir renoncé, cela très officiellement, dans les formes requises par le règlement.

Job d’été

Le voici installé dans un nouveau rôle, investi d’un nouveau job : celui de non-Premier ministre. Cependant comme il faut bien que quelqu’un paraisse quand même s’occuper peu ou prou du quotidien de la boutique, il est précisé qu’il reste en charge des affaires croulantes du pays. Extrêmement croulantes, en effet, les affaires. Comme chacun sait.

Pour cela, il peut compter encore sur son équipe. Une joyeuse bande de collaborateurs mangés à la même sauce que lui, c’est à dire à la fois dehors et dedans, formant donc en quelque sorte un non-gouvernement. La même chose qu’un vrai, chimiquement pur, sauf que celui est constitué exclusivement, vous l’aurez compris, de ministres qui ne le sont plus, ministres. Je sais, on a du mal à suivre. Mais voilà sept ans que la « pensée complexe » du patron d’en haut ne cesse de nous embrouiller les méninges, de nous donner le tournis.

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Donc, on attend le prochain non-conseil de ce non-gouvernement et les non-décisions que ces non-ministres pourraient encore prendre : la couleur des crayons feutres dans les administrations, la température souhaitable du thé de cinq heures, le quota de billets gratuits pour la grande marade d’ouverture des Jeux olympiques, l’attribution d’un droit d’entrée prioritaire de Mme Nakamura à l’Académie Française avec option pour le Panthéon quand le moment sera venu…

Coup tordu

Mais, finalement, pas si couillon que ça, le petit arrangement en question. Car en réfléchissant bien, je veux dire en tentant de nous hisser au niveau de ces sublimes intelligences, de les rejoindre dans leurs exercices conceptuels de haute volée, il devient clair que M. Attal a réussi là une splendide opération.

Nul n’ignore que le Premier ministre est un fusible entre les mains du président. Le Premier ministre qui, le jour même de sa nomination, doit remettre au président une lettre de démission en bonne et due forme mais non datée, et que, de ce fait, le grand chef à plumes est en droit d’utiliser quand il le souhaite. Or, peut-on démissionner quelqu’un qui l’est déjà ? Assurément non. Ainsi, voilà notre non-Premier ministre absolument non démissionnable, indéboulonnable, du moins ce côté-là. Posé là à vie pour tout dire. Matignon à vie, pensez ! M. Mélenchon en rêvait. M. Attal l’a fait (enfin presque).

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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