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Le Nouveau Front populaire et la morale des intérêts

L'histoire se répète en une farce sordide


Le Nouveau Front populaire et la morale des intérêts
Chateaubriand par Girodet-Trioson. Musee de Versailles. 24/05/2001 NAMUR-LALANCE/SIPA

Qu’aurait pensé Chateaubriand du Nouveau Front populaire et des marchandages et compromissions sur lesquels ce dernier est fondé? Il n’aurait peut-être pas été très enthousiaste… Tribune.


Emmanuel Macron a reçu le score de 14,6 % obtenu par sa majorité et le succès de la liste RN à 31,37% à la manière d’un camouflet. Il a alors, il était temps, pris la mesure de la lassitude française vis-à-vis de sa politique et réalisé l’intérêt croissant du peuple pour « l’esstrême droite ». En ces traverses, notre Néron du XXIe siècle dont l’hubris n’a d’égale que l’impulsivité ou la tendance à sous-estimer l’ennemi ne nous a pas déçus. Il a réagi avec la fougue conjuguée au manque de discernement qu’on lui connaît, misant sur l’incapacité de la gauche dite républicaine à s’allier et ne l’imaginant pas oser se compromettre dans de turpides ententes ; c’était là mal la connaître. Voici l’Assemblée nationale dissoute ; la table renversée ; les dés pipés jetés. L’histoire se répète et la farce se poursuit : « Comme l’initié mithriaque, la race humaine a peut-être besoin du bain de sang et du passage périodique dans la fosse funèbre » réfléchit l’Hadrien de Yourcenar.

Tandis que les droites peinent à s’allier dans la douleur et qu’Emmanuel Macron tente de récupérer les opposants à la ligne Ciotti, la gauche fait front (de taureau, assurément), se fédère et se met en ordre de marche pour rafler la mise aux législatives. Coalition et compromission avec l’antisémitisme promues par nombreux sectateurs de LFI et autres affidés au NPA du funeste Philippe Poutou (dont s’exemptent cependant, il convient de le mentionner, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Jérôme Guedj), tous les coups sont permis. Voici les politiques de gauche, prêts à tous les estampages pour gameler. Délesté de son scooter vendu aux enchères, le croissant assurément entre les dents et bradant un honneur déjà bien démonétisé, François Hollande est lui-même de la fête ! Le Nouveau Front Populaire est né. On n’ose imaginer ce que Léon Blum aurait pensé.

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Aux sièges, Députés ! Dénoncer le terrorisme du Hamas n’est plus de mise. Adoptez maintenant tous l’électoraliste attitude : promotion du multiculturalisme heureux, du wokisme repentant, de l’écologie punitive triomphante, éloge de l’égalitarisme. On ratisse large et on rase gratis : blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants, appel à un cessez-le feu immédiat à Gaza, smic à 1600 euros net… On accepte sans barguiner la candidature des personnages les plus contestables : Raphaël Arnault, militant antifa et triple fiché S, Aly Dioura dont le compte X dégueule de propos antisémites et anti-blancs ; voilà même le sieur Poutou, qui n’a de cesse de déclarer à qui veut bien l’entendre : « La police tue » (et dont le parti est poursuivi pour apologie du terrorisme) parachuté dans la circonscription de Trèbes, là où a été tué le colonel Beltrame dans un attentat revendiqué par l’État islamiste. La parole du camp du Bien, celle des artistes (Marion Cotillard) et des sportifs (Marcus Thuram ou Kylian Mbappé) qu’on pensait muets depuis le 7 octobre s’élève enfin. Les voix d’autorités socialistes périmées (Lionel Jospin) ou de vieilles gloires d’un paysage audiovisuel défunt (Anne Sinclair), maladivement excitées à l’idée de faire un dernier tour de piste, chevrotent depuis leurs tombes, descellées pour l’occasion, une exhortation périmée à l’union contre le Rassemblement national et les héritiers de Pétain. L’Histoire se répète, comme à l’accoutumé, en une farce sordide. «Élevez les hommes politiques à ne penser qu’à ce qui les touche, et vous verrez comment ils arrangeront l’État ; vous n’aurez par là que des ministres corrompus et avides, semblables à ces esclaves mutilés qui gouvernaient le Bas-Empire et qui vendaient tout, se souvenant d’avoir été eux-mêmes vendus», mettait en garde Chateaubriand dans le Conservateur, en date du 5 décembre 1818. Il avait aussi préalablement déclaré : «Le ministère a inventé une morale nouvelle, celle des intérêts ; celle des devoirs est abandonnée aux imbéciles». Puissent tous les imbéciles maintenant sonner la fin de partie.



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est professeur de Lettres modernes

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