Démonstration en trois scènes de la vie ordinaire
Scène 1 : Extra-muros by night
Dans l’habitacle d’une Mercedes à quatre roues motrices, sur l’autoroute, du côté d’Orléans, le conducteur apprend qu’à l’intérieur du périmètre délimité par l’A86, son véhicule, comme des milliers de véhicules qui, en ce soir de rentrée de vacances, se pressent aux portes de la capitale, n’a pas le droit de circuler. Il le sait parce la vignette collée sur son pare-brise n’a pas le bon chiffre. Déjà très énervée naturellement, son épouse est totalement excédée par le manque d’anticipation de son époux, qui n’avait pas remarqué que le niveau montait, et donc forcément les exigences de conformité qui vont avec. Louer un emplacement de parking pour sa voiture à Orléans, réveiller ses enfants, les transvaser dans une brasserie ouverte à 11 heures du soir, trouver un taxi assez grand pour accueillir sa famille et ses bergères Louis XVI à retaper, commander le modèle de voiture dont il a besoin avec une vignette qui peut tenir cinq ans ne lui prennent que quelques minutes et à peine 70 000 euros. J’étais tout simplement un peu distrait, se dit le conducteur tandis qu’il rejoint son domicile au milieu d’un embouteillage de taxis, en entamant un dialogue serré avec son banquier virtuel par l’intermédiaire de son smartphone. Heureux d’être au niveau d’un niveau qui monte, d’avoir pour si peu cher laissé son vieux moi et sa Mercedes ennemie du progrès
